De retour au pays des guédés, après la pause

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En Haïti, le week-end de la Toussaint, les 1er et 2 novembre, c’est avant tout une affaire de guédés. On a beau invoquer les saints, les martyrs et les morts, derrière chaque tombe, sur chaque parvis, à chaque coin de rue, les guédés, une fois de plus, ont bien rigolé aux dépens des vivants. Les vivants aussi.C’est jour férié. Un long week-end. Comme on en trouve peu de nos jours. Changer d’air. La province. L’étranger, Cuba, la Floride et même, en dépit de tout, la République dominicaine. L’ile Quiskeya a ses raisons que la raison ne connait pas. Rien de particulier cette année, pourtant. La même affluence au cimetière de Port-au-Prince. Les messes. Les tombes. Les visites familiales. Les distributions de nourriture aux pauvres. Et puis les guédés. Trase fouye la croix, Guédé Nibo, Plim nan zye lakwa, Anmaskay lakwa, Mazaka, Brav guédé, Demèplè. La voix chevrotante de Grann Brigitte. Celle, rocailleuse de Baron Lakwa, son époux.Le rendez-vous annuel pour taquiner du guédé. En groupe, le plus souvent. Se réjouir des chapelets de mots obscènes et bouffer de la viande de porc, en sauce ou en griot. Les folles bouffes. Les piments crus. Les morceaux de verre mastiqués. L’obscénité à l’honneur. Tolérée. Les raras. Les espaces traditionnels de rencontres. Le tafia. La débauche tacitement reconduite, socialement maitrisée. Les pauvres. L’aumône. Et puis, de retour du pays des guédés. De retour au pays des guédés. Après la pause. Encore un jour avant la rentrée. L’heure aura changé, ce dimanche 3 novembre. A 2h00 AM, il sera légalement 1h00 AM. Ainsi l’ont voulu les autorités. Presque plus de rechignards à maugréer leur inconfort. Le changement d’heure a sa logique. Ses adversaires aussi. Mais pour le moment, c’est là pour rester. Le Ministère de la Communication s’est chargé de nous le rappeler. Il s’est réfèré aux dispositions de l’arrêté présidentiel du mercredi 7 Mars 2012. Le 5 novembre, l’interpellation de trois ministres. L’importance stratégique de leurs ministères saute aux yeux. Les Affaires étrangères. La Justice. L’Intérieur et les collectivités territoriales. En voie de décapitation. Et la conjoncture est si exigeante, pourtant. Le momentum de l’union sacrée, aussi. Les crises politiques à répétition. Les tractations en cours. Le pouvoir, le principal enjeu. Le positionnement, son corolaire. Les premiers pas vers l’auto-évaluation des politiques publiques. Quand il y en a. Des centaines de milliers de cousins « apatrides » à nos portes. Le financement des investissements publics prévus, presque compromis. La réforme fiscale en veilleuse. Le stress hydrique. Le changement climatique.La Cour des comptes et du contentieux administratif. La loi électorale. La détention préventive prolongée. La privatisation annoncée de l’Ed’H. L’insalubrité.Les Objectifs du millénaire pour le développement. A re-cibler. Question d’ajustement de tir. Les trois pouvoirs qui s’entrechoquent. Le Législatif, l’exécutif, des pots de fer. Le Judiciaire, le pot de terre. L’État vacillant. Dangereusement. Un parlement qui tentera de changer son image et de se mettre au boulot. Pour de vrai. Peut-être. Un exécutif qui fera montre de plus de transparence, et qui nous dira comment il compte mener une lutte à court, moyen et long terme contre la pauvreté. Peut-être. Bon retour. Après la pause. Crédit photo : wwwsocietesanslimite HA/Radio Métropole Haïti

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