Décès de Pradel Pompilus

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AFP . – Le linguiste et grammairien Pradel Pompilus, considéré comme le plus grand écrivain pédagogique haïtien, est décédé dimanche à Port-au-Prince à l’âge de 86 ans, a annoncé mardi sa famille. Fils d’une modeste paysanne, M. Pompilus, qui se présentait comme un « rescapé » des méthodes de l’enseignement de son pays, avait été un des premiers boursiers haïtiens en 1945 choisi par le directeur de l’Institut français d’Haïti, l’écrivain Pierre Mabille. Co-auteur d’un « manuel de l’histoire de la littérature haïtienne », il avait, tout en soutenant fermement la francophonie, prôné l’introduction de la langue créole dans l’enseignement haïtien et encouragé son étude dans le pays. M. Pompilus, membre jusqu’à sa mort du jury du prix Henri Deschamps, le plus grand prix littéraire haïtien, s’était tenu à l’écart, bien que noir, des exploitations politiques du noirisme haïtien et avait mené une vie simple entièrement conscrée à l’éducation. Le Nouvelliste. – R.St Eloi. (extraits)L’inventeur de la littérature haïtienne, le Dr Pradel Pompilus est mort. Celui qui a formé des générations d’intellectuels haïtiens à l’exigence de la beauté n’est plus. Il a voué toute sa vie à l’enseignement et à la défense du savoir en Haïti. La perte est lourde pour le pays et pour la communauté intellectuelle. Dr Pradel Pompilus, enseignant, linguiste, historien littéraire, est l’un des inventeurs de la littérature contemporaine d’Haïti, c’est grâce à lui que dans nos salles de classe à partir du début des années soixante, la littérature haïtienne est devenue un objet d’enseignement. Né dans la ville de l’Arcahaie le 5 août 1914, il a fait ses étude primaires dans sa ville natale. puis ses études secondaires au Petit Séminaire Collège St Martial. Il est mort des suites d’une maladie courageusement supportée. Deux de ses ouvrages doivent paraître au cours du mois d’avril : « Au Service de l’Enseignement Haïtien » et « Les Grands Noms de la littérature haïtienne ». Pour ce dernier ouvrage, on lui avait demandé de choisir entre cinq à six écrivains haïtiens qu’il considérait comme les plus grands. Il ne voulait pas en ripostant : »Je ne peux pas choisir, il sont tous mes fils et mes petits-fils ». Finalement, il a dû se résigner en sélectionnant seize écrivains. Il a beaucoup travaillé l’oeuvre de trois écrivains haïtiens : Anténor Firmin, Oswald Durand et Jean Price-Mars. Pradel Pompilus est parti étudier en France au même moment qu’Hervé Boyer à la suite d’un concours qu’ils ont remporté. Il a obtenu une licence en lettres. Il retourne en Haïti où il prend une part active à la communauté intellectuelle. Puis, il repart pour la France afin de poursuivre ses études. En 1961, il a soutenu sa thèse de doctorat :  » La Langue Française en Haïti ». Dr Pradel Pompilus aime bien faire part de la mention très bien qui lui a été attribuée pour sa thèse de docteur es lettre. Diplômé de l’Université de la Sorbonne au grade de docteur, sa thèse de doctorat a été remarquable pour plus d’un an. Déjà, dans les années 60, l’approche linguistique comparatiste de Pompilus, dressant les rapports entre les deux langues nationales d’Haïti (le français et le créole) a été des plus novatrices. Fondateur et Directeur de l’Ecole Normale Supérieure à la fin des années 40, il aura été celui qui a profondément marqué des générations d’enseignants et d’intellectuels haïtiens. Le Dr Michel Philippe Lerebours, son ancien étudiant à l’Ecole Normale, affirme : « Je crois que c’est un géant, il a beaucoup servi le pays. Il a réhabilité le créole et fait valoir la notion d’un français haïtien. » Dans son travail d’historien littéraire, il a accompagné, orienté, réorienté des dizaines d’écrivains. En témoignent ses ouvrages : Anthologie Illustrée de la Littérature Haïtienne, tomes 1, 2 et 3, écrits en collaboration avec le frère Raphael Berrou, qui , depuis plus de trente ans, demeurent les rares textes de références pour les enseignants, les auteurs et les amateurs de littérature haïtienne.

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