Le décret présidentiel sur l’obligation d’affichage des prix et de paiement en gourde, présenté cette semaine par le ministre Jonas Coffy fait grincer des dents dans les milieux économiques et juridiques du pays.
Plus que la décision, elle-même, dont personne ne remet la justesse en cause, c’est la manière et le ton employé par le ministre qui suscitent du mécontentement.
« Il est normal que les prix soient affichés en gourde et que les produits soient bien étiquetés, mais pourra-t-on appliquer ces peines et amendes de manière uniforme ? » s’interroge maître Patrick Laurent. Le consultant juridique de Radio Métropole ajoute que l’immédiateté de cette mesure, donne l’impression qu’une seule catégorie de commerce est ciblée.
De telles décisions auraient du faire l’objet de discussions, selon lui. Le ministère devait jouer le jeu de la concertation pour éviter que certains se sentent stigmatisés.
L’économiste Kesner Pharel semble sur une ligne proche de l’homme de loi :
« Le message qu’envoie continuellement ce ministre, qui parait étranger au commerce, avec ses inspections, son langage et ses déclarations déplacées ont un impact négatif sur le climat des affaires et semblent cibler le secteur économique formel » a-t-il déploré ce vendredi, sur les ondes de Radio Métropole.
Jugeant la stratégie de communication de Jonas Coffy malencontreuse, Kesner Pharel a regretté que le responsable préfère se concentrer sur un thème inutile, à un moment où il devrait plutôt divulguer des stratégies commerciales pour faire entrer des devises dans l’économie haïtienne.
« Il n’y a aucun doute qu’il faut afficher les prix en gourde, mais malgré ce que le ministre semble penser, cela n’occasionnera pas leur baisse, loin de là. » affirme-t-il.
Kesner Pharel, insiste sur la nécessité pour Jonas Coffy de se comporter en ministre du commerce et non de l’intérieur, afin de devenir l’arbitre d’un secteur qui apporte croissance et emploi au pays.
Rappelons que dans le décret publié le 30 Novembre 2020, les autorités prévoient de sanctionner les contrevenants aux dispositions d’affichage des prix en gourde, d’une peine d’emprisonnement de 2 à 24 mois et d’une amende de 5 à 10 millions de gourdes, représentant supposément 30% des revenus gagnés pendant l’année pendant laquelle l’infraction a été commise.
AL/ radio Métropole