Défenseurs des droits humains et responsables politiques somment le gouvernement d’assurmer ses responsabilités après l’assassinat de trois haïtiens à Saint-Domingue

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Le leader de l’Alliance démocratique, Evans Paul, qui a accueilli, jeudi 25 août, à la frontière haïtiano-dominicaine les corps des trois jeunes compatriotes brûlés vifs en République Dominicaine souhaite que le gouvernement intérimaire mette tout en œuvre pour défendre les droits des ressortissants haïtiens vivant en terre voisine. « Les haïtiens jouent un rôle important dans la croissance économique de Saint-Domingue et, en conséquence, ils devraient bénéficier un peu plus de respect et de considération de la part des dominicains », a déclaré Evans Paul. Le candidat à la présidence souhaite que l’Etat haïtien renforce sa mission diplomatique en République Dominicaine. Suite à l’assassinat des trois haïtiens, des voix se sont élevées pour critiquer la mission diplomatique d’Haïti en République Dominicaine qui, selon elles, ne fait rien pour défendre les droits des ressortissants haïtiens. Près de deux mille haïtiens ont été refoulés en Haïti par les autorités dominicaines ces deux derniers mois. Ces opérations de rapatriement forcé s’effectuent généralement dans l’irrespect total des droits humains, soulignent des organisations de défense des droits de l’homme haïtiennes et dominicaines. « Les haïtiens sont maltraités, humiliés et parfois tués en République Dominicaine. Plusieurs cas ont été recencés ces dernières années», révèle le Groupe d’appui aux Rappatriés et Réfugiés. Dans une interview à Radio Métropole, le porte-parole du GARR, Madame Colette Lespinasse, a annoncé l’ouverture de plusieurs enquêtes pour faire toute la lumière sur les actes criminels commis par des dominicains contre des haïtiens.Les corps de Willy Pierre (20 ans), Paul Marc et Gilberto Dominique (22 ans) ont été ramenés à la mi-journée du 25 août en Haïti. Au cours de cette messe, Berlouis Pierre (22 ans), qui s’est échappé de justesse lors de l’agression contre le groupe d’Haitiens, a expliqué les circonstances du drame au cours duquel ses trois collègues ont été brûlés vifs le 16 août dernier.Selon Pierre, c’est vers 3 heures du matin que trois hommes sont intervenus dans une ébénisterie, à Haina, où dormaient les 4 travailleurs migrants. Un des assaillants portait l’uniforme de la police et était armé d’un pistolet. Les 2 autres étaient armés de machettes.Pierre a confirmé que les criminels ont ligoté les trois jeunes avant de les arroser avec un liquide et d’allumer l’incendie.« Je suis parti en courant au moment où ils ligotaient les 3 autres Haitiens. Ils avaient commencé à me frapper, mais j’ai profité d’un instant d’inattention de leur part pour m’enfuir », a témoigné le jeune rescapé. Berlouis Pierre a confié qu’il est revenu en Haïti le matin même, de peur de subir le même sort que ses camarades. Les associations de défense des droits humains ont réussi à le convaincre de rentrer à Santo Domingo pour rendre compte de ce qui s’était passé.Alors que se déroulait la messe en mémoire des 3 jeunes martyrs haitiens, les raids de l’armée dominicaine contre les « sans-papiers » se poursuivaient au nord de la République Dominicaine. 700 Haïtiens ont été arrêtés dans les dernières heures en vue d’être rapatriés en Haiti.

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