Entre les maisons détruites, les inondations et les écoles dévastées, le Journal a cherché en vain les 530 000 $ du radiothon montréalais destinés aux victimes de l’ouragan Jeanne. Après des jours d’enquête sur place, le représentant du Journal n’a trouvé aucune trace des fournitures scolaires, des 3000 réchauds et des projets environnementaux promis par l’organisme bénéficiaire du radiothon depuis septembre. Pis. Ni les autorités municipales, ni le ministère local de l’Éducation, ni l’ambassade du Canada n’avaient entendu parler de l’ODECH, censé envoyer les dons québécois (Organisme d’entraide canado-haïtienne). Selon notre enquête, aucun des 530 000 dollars amassés lors du radiothon tenu à l’hôtel de ville de Montréal en septembre n’a encore servi à apaiser les besoins criants aux Gonaïves. L’ouragan Jeanne y a fait 2800 victimes il y a six mois. Le Journal a aussi appris que la lenteur des démarches de l’ODECH vient de lui coûter l’appui de son principal partenaire humanitaire à Port-au-Prince . Où sont les kits scolaires ? Alors que la misère est partout, personne aux Gonaïves n’a entendu parler des 10 000 kits scolaires qui auraient coûté plus de 57 000 $. L’ODECH avait pourtant affirmé au Journal que les fournitures payées grâce aux dons des Québécois avaient déjà été distribuées (édition du 4 mars). « Ce n’est pas vrai », proteste avec véhémence Guerta Jacques, une des deux mairesses par intérim des Gonaïves lors d’une entrevue accordée au Journal en compagnie de sa collègue Ketelia Saint-Jean Charles. Visiblement sous le choc des révélations du Journal, Mme Jacques est catégorique : « Je n’ai jamais entendu parler de cet ODECH. Tout passe par nous deux, vous savez », assure-t-elle en désignant sa collègue. Quel maire ? Pour justifier sa gérance, l’ODECH a maintes fois assuré les médias de Montréal qu’il bénéficiait de la caution du maire des Gonaïves, Calixte Valentin. Or, ce maire a démissionné il y a trois mois. « Si des milliers de kits avaient été distribués ou arrivaient bientôt ici, on le saurait, renchérit Rosemont Jodson-Leroy, conseiller municipal, qui ne connaît pas l’ODECH lui non plus. Ces gens de l’ODECH doivent nous appeler de toute urgence… » Les élus des Gonaïves sont renversés par la lenteur et la désorganisation de l’ODECH. D’autant plus que deux organismes canadiens ont déjà terminé la distribution de dons aux Gonaïves. Il y a déjà cinq mois que le Centre canadien d’étude et de coopération internationale a distribué des milliers de trousses de survie. Tandis que l’Agence canadienne de développement international a envoyé 8000 kits scolaires qui se trouvent déjà dans les écoles locales. Le ministère local de l’Éducation n’a lui non plus jamais entendu parler des 10 000 kits scolaires de l’ODECH. « Je ne connais même pas l’ODECH », s’est exclamé Arnold Christian, en entrevue avec le Journal. Il supervise toutes les distributions pour les écoles du ministère local de l’Éducation. Source : Canoë, 15 mars 2005.
Enquête du journal canadien Canoë sur la disparition de l’aide aux victimes des Gonaïves
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