Faillite dans le système bancaire haïtien : une éventualité?

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Dans un livre publié récemment sur le système financier haïtien, M. Max Etienne, membre du Conseil d’Administration de la Banque de la République d’Haïti (BRH), a analysé l’éventualité d’une faillite bancaire dans le contexte haïtien. Ce livre dénommé  »La supervision des banques commerciales et des institutions financières en Haïti », a permis à l’auteur, un banquier de plus de 25 ans de carrière, de retracer son parcours à la banque centrale, particulièrement au Département de la Supervision, et de partager sa riche expérience avec le public.L’une des principales causes de faillite bancaire, selon M. Etienne, se retrouve dans les périodes de troubles économiques. Il a souligné qu’en période d’instabilité économique – forte inflation et récession profonde – les conditions de fonctionnement des institutions financières deviennent de plus en plus difficiles du fait que les marchés sont peu porteurs et difficilement extensibles. L’auteur a révélé que la seconde cause, souvent liée à la première consiste en une gestion du crédit totalement inadéquate. Elle résulte des prêts octroyés sur la base de garantie reçue plutôt que sur la capacité de l’emprunteur à rembourser le prêt, de l’administration déficiente du crédit, de l’absence de procédures écrites et de fixation de limites de crédit. Pour la troisième cause, également liée au risque du crédit, M. Etienne explique qu’une trop forte concentration peut entraîner la faillite d’une banque en cas de défaillance d’un débiteur ou d’un groupe de débiteurs. Le quatrième facteur se retrouve dans un système de paiement inapproprié, a-t-il indiqué. Selon lui, en l’absence d’un système performant de suivi de prêts, le portefeuille de crédit tend à se détériorer rapidement. Le cinquième facteur de faillite bancaire consiste en la non-maîtrise du risque d’illiquidité résultant des arriérés de paiement des débiteurs. Le facteur subséquent, a affirmé M. Etienne, est la faiblesse du management consistant en une absence de procédures et de règlements internes, en un système de contrôle interne déficient et une absence de supervision du personnel. Il a ajouté d’autre part que des études ont montré qu’en période d’instabilité économique, le système bancaire doit faire face à une aggravation de risques tels que : taux d’inflation élevé, réserves obligatoires élevées, et forte dépréciation des cours de change. Le dernier facteur de faillite bancaire considéré par M. Etienne, est l’existence de fraudes et de détournements. Les fraudes et/ou détournements en fonction de leur importance peuvent être la cause majeure d’une faillite, a précisé l’auteur.  »Sans vouloir être pessimiste, on peut affirmer que les différentes causes de faillite bancaire évoquées ici se retrouvent toutes dans certaines banques du système financier haïtien, chacune il est vrai à des degrés divers en fonction des spécificités de chaque institution », a-t-il affirmé. Face à un tel constat, les responsables économiques et financiers haïtiens devraient assurer une gestion beaucoup plus rigoureuse sur le plan macroéconomique ainsi qu’une supervision plus efficace des banques commerciales afin d’éviter toute faillite qui pourrait menacer l’ensemble du système bancaire. Avec une crise politique et une crise économique, vielles de plus de dix ans, qu’ils n’arrivent jusqu’à présent à résoudre, l’on doute fort que les dirigeants haïtiens aient la capacité de faire face à une crise financière. Kesner Pharel,Economiste – Radio Métropole kfpharel@groupcroissance.com/kfpharel@hotmail.com

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