L’ambasadeur français sortant , Yves Gaudeul , a laissé transpirer une certaine inquiétude relative à l’état de santé de la démocratie en Haïti. A l’occasion d’une cérémonie organisée en son honneur par la Chambre franco-haïtienne de commerce et d’industrie, le vendredi 12 septembre 2003 , le diplomate a jugé bon de partager avec les invités du jour ses réflexions sur la situation socio-politique et économique du pays. Pour capter son auditoire, l’ambassadeur Yves Gaudeul a organisé son intervention en trois réflexions. La première repose sur la Constitution de 1987 qui, dit-il, en dépit de ses imperfections, est très éclairante sur ce qu’était l’état d’esprit de la grande majorité du peuple haïtien au lendemain de la chute de la dictature des Duvalier. En approuvant cette charte, le peuple a dit clairement non à la dictature et au culte de la personnalité et a, du même coup , manifesté sa volonté d’instaurer le multipartisme, le partage des pouvoirs entre le législatif, le judiciaire et l’exécutif, poursuit M. Gaudeul. En d’autres termes, les haïtiens aspiraient à une démocratie véritable avec un Etat assurant la protection des personnes. Les nombreuses violations de la loi mère et des droits de l’homme constatées et dénoncées par plus d’un mettent à mal le processus démocratique, déplore l’ambassadeur. Et ,pour avoir séjourné pendant quatre (4) ans au pays, Yves Gaudeul croit savoir qu’il est grand temps de jouer “ la carte de la vraie démocratie” en privilégiant les projets sur « l’homme ou la femme capable de maîrtiser ce pays censé être explosif ». Au passage, l’ambassadeur qui suit le parcours de la « Caravane de l’Espoir » du Groupe des 184 organisations de la Société Civile pense que la communauté internationale devrait se fixer comme objectif de favoriser le murissement des idées prônées dans le sens d’un nouveau contrat social en Haïti sans trop intervenir.Le diplomate se réjouit du fait que « le travail en cours au sein de la société civile sur le nouveau contrat social démontre la volonté des haïtiens d’aller vers les haïtiens, de mieux se comprendre et de bâtir ensemble un pays où chacun pourra vivre en paix et décemment ». La deuxième réflexion de l’ambassadeur Yves Gaudeul plaide en faveur de la modernisation de l’économie nationale. “ Il me semble temps pour les haïtiens d’aborder , à l’instar des pays européens après la guerre, l’économie non plus sous l’angle de l’accaparement des ressources rares par les classes possédantes ou de revanche des classes dépourvues à l’égard des classes riches”, recommande le diplomate . Yves Gaudeul estime qu’il « conviendrait de se poser moins la question du partage du gâteau que de l’accroissement de la taille du gâteau, et d’adhérer enfin à une dynamique du développement au profit de tous » . La troisième et dernière réflexion du diplomate s’est interessée à l’intégration d’Haïti aux marchés extérieurs dans le cadre de la mondialisation. Mais, insiste-t-il, la mise à niveau des grandes entreprises publiques ( électricité, téléphone et eau) est un sujet du plus haut intérêt pour les entreprises étrangères. En conclusion, Yves Gaudeul admet qu’Haïti est un pays artificiellement pauvre et invite les haïtiens à tourner le dos aux facilités que représentent le recours au pouvoir personnel et à l’autoritarisme, la gestion de l’économie dans une perspective à très court terme et à l’isolationisme. L’ambassadeur Gaudeul est remplacé par Thierry Burkard . Ce dernier est attendu à Port-au-Prince cette semaine .
Fin de mission pour l’ambassadeur français en Haïti , Yves Gaudeul. Le diplomate se fait du souci pour la démocratie dans le pays
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