Fortes pressions de la DGI en dépit du marasme économique en Haïti

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Avec un taux d’inflation calculé en rythme annuel estimé à 16.2 % au cours du mois d’avril 2001, l’indice de la production industrielle évoluant en dessous de la barre de 0.5 % durant le premier trimestre de l’exercice fiscal 2000-01, un déficit budgétaire de plus de 1,5 milliards de gourdes durant les 6 premiers mois de l’exercice dépassant largement le niveau prévu dans le programme financier du gouvernement, l’économie haïtienne se retrouve actuellement dans un véritable marasme laissant ainsi présager une aggravation de la pauvreté dans le pays à la fin de l’année 2001. Il est difficile sinon impossible d’être optimiste quand le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), M. Fritz Jean, a annoncé récemment sa ferme volonté de maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé sur le marché financier afin d’assurer la stabilité de la gourde haïtienne par rapport au dollar US. A rappeler que les autorités monétaires n’ont pas cessé, depuis quelque temps déjà, de resserrer l’étau monétaire de façon à mieux contrôler la quantité de monnaie en circulation au niveau de l’économie haïtienne. Cette politique restrictive n’a pas empêché, toutefois, la banque centrale de financer à hauteur de 1,4 milliards de gourdes l’important déficit budgétaire enregistré durant le premier semestre de l’exercice fiscal en cours. La fixation des taux sur les bons BRH à plus de 25 %, a poussé les banques commerciales à augmenter le taux de base bancaire, soit le taux chargé par les banques commerciales à leurs meilleurs clients, qui se retrouve autour de 30 %. Une telle augmentation a contribué à l’accroissement considérable des charges financières des entreprises dont certaines rencontrent de sérieuses difficultés pour faire face à leurs engagements envers leurs créanciers. Les banques commerciales se retrouvent actuellement dans l’obligation d’alimenter de manière beaucoup plus substantielle le poste de dotation à la provision pour les créances douteuses afin de faire face à l’incapacité de certaines entreprises de repayer leurs prêts. En dépit de la détérioration observée au niveau du climat des affaires causée par l’application de politiques fiscale et monétaire laissant beaucoup à désirer, la Direction Générale des Impôts (DGI) a décidé d’exercer de fortes pressions sur les entreprises ayant des redevances envers l’Etat Haïtien. L’institution menace ainsi de saisir les comptes bancaires des entreprises devant plus de 100,000 gourdes au fisc. Concernant la ratification de la loi rectificative du budget de la République d’Haïti pour l’exercice fiscal 2000-01, le processus est encore bloqué au niveau du Parlement en raison d’un conflit opposant certains députés du mouvement  »lavalas ». Il importe de souligner que le dernier budget ratifié au Parlement remonte à près de cinq ans. Ceci est à la base des multiples difficultés financières rencontrées par l’État haïtien au cours des dernières années. Kesner Pharel,Economiste – Radio Métropole

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