Franckétienne, sphinx de la littérature haïtienne, consacré « Artiste de l’UNESCO pour la Paix »

Le poète, dramaturge, écrivain et peintre Franckétienne a été officiellement désigné, hier 24 mars, « Artiste de l’UNESCO pour la Paix », lors du Forum de l’UNESCO sur Haïti qui se tenait à Paris. Cette distinction a été remise à Franckétienne, monument de la culture haïtienne, par la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, à la mi-journée. « C’est un immense plaisir et un moment unique de nous retrouver tous ensemble ici à l’UNESCO, pour rendre hommage à un homme, dont la vie et l’œuvre, symbolisent une recherche continue d’un grand artiste pour décrypter le monde avec patience et courage », a déclaré Mme Bokova. « L’œuvre de Frankétienne est intarissable, s’enrichit sans cesse et nous émerveille », a-t-elle ajouté en nommant les ouvrages de ce grand écrivain haïtien, de renommée internationale et dont la candidature pour le Prix Nobel de Littérature a été paradoxalement présentée l’année dernière par le Japon et non par Haïti. Mme Bokova a tenu a souligné l’art protéiforme de Franckétienne, « dont la créativité et le panache sont reconnus dans le monde entier ».La Directrice générale de l’UNESCO a cité le Nouvelliste, le plus ancien quotidien d’Haïti qui avait décrété peu avant le séisme dévastateur du 12 janvier l’année 2010, « l’Année Franckétienne », en qualifiant cet écrivain hors pair de « sphinx de la littérature nationale haïtienne ». « J’espère qu’en acceptant cette responsabilité, vous allez mettre votre talent, votre énergie et, je dirais, votre « génancité » aux services des idéaux de l’UNESCO. J’ai l’espoir que vous vous engagerez pour donner espérance et confiance aux jeunes créateurs », a déclaré Mme Bokova avant de remettre la distinction d’Artiste de l’UNESCO pour la Paix, à Franckétienne.Ce dernier, avant ses propos de remerciements, a interprété une chanson du dieu Legba qui selon lui, « est le dieu de lumière qui ouvre les barrières ».À ce chant, chaleureusement applaudi par l’assistance, se sont jointes les voix de Jean Coulanges, Secrétaire général de la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO et de Bob Bovano, artiste militant exilé depuis 6 ans, qui avait fait le déplacement spécialement de Vitry pour assister au Forum de l’UNESCO sur Haïti. Un moment unique et empreint d’émotion, de spontanéité et de partage- à l’image de Franckétienne- a donc traversé l’auditorium du siège de l’UNESCO à Paris ce 24 mars. Dans une allocution très brève mais emprunte d’émotion, Franckétienne a remercié sa défunte mère de lui avoir donné naissance. « Je suis à partir d’aujourd’hui, porteur de la parole de peuple haïtien et je ferai ce travail avec conscience, avec courage et sans ostentation », a-t-il déclaré en remerciant le quartier où il a vu le jour, le Bel Air, les créateurs Haïtiens et l’UNESCO qui, selon lui, « est une institution phare qui représente « le poto mitan » des valeurs essentielles humaines soit, le partage, la générosité et la convivialité qui vont à l’encontre des hurlements des prédateurs ».Nancy Roc, Paris le 25 mars 2010.Ce reportage a été rendu possible grâce au soutien de l’UNESCO et au patronage de DIGICEL, du CONATEL, du Groupe REBO-INTERNEGOCE et de NO PIN LONG DISTANCE.

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