Gérard Latortue : Haïti vit actuellement « des moments de démocratie »

Gérard Latortue, premier ministre du gouvernement intérimaire haïtien, a estimé lundi ( 21 novembre 2004) à Paris que son pays vivait actuellement « des moments de démocratie » et qu’il « pouvait être gouverné autrement ». « Nous vivons des moments de démocratie comme le pays en a rarement connu, sans terrorisme d’État », a affirmé le dirigeant haïtien lors d’une conférence de presse à l’occasion d’une visite à Paris. « Mon gouvernement n’a aucun projet politique, nous conduisons une transition, nous faisons tout ce que nous pouvons pour que tous les partis participent aux prochaines élections » de 2005, a-t-il ajouté. « Nous remettrons le pouvoir au parti qui sortira vainqueur de ces élections. » Il a déclaré que l’insécurité était « concentrée dans des zones précises de Port-au-Prince et non plus dans toute la ville comme avant le départ de (l’ancien président Jean Bertrand) Aristide ». Selon lui, cette violence est due à « des gangs armés liés à Aristide » et au « banditisme ». Concernant les ex-militaires qui occupent plusieurs bâtiments publics transformés en casernes, il a indiqué que 500 à 700 emplois dans divers services comme les garde-champêtres, les douanes ou les services de protection rapprochés avaient été dégagés. Il a estimé entre 850 et 900 le nombre de militaires démobilisés. Depuis la chute de M. Aristide le 29 février, les ex-militaires qui avaient pris une part active à son renversement réclament la réhabilitation de l’armée. M. Latortue a indiqué que la question d’un rétablissement d’une armée à Haïti relèverait du prochain gouvernement et du prochain parlement. Il a souligné qu’il n’avait pas procédé à « une chasse aux sorcières » contre les membres du parti d’Aristide, pariant sur la nécessité « de la continuité de l’État ». Il a cependant annoncé des sanctions contre « ceux qui profitent de leur poste pour faire passer leurs intérêts particuliers ou de parti ». Interrogé sur le mandat d’arrêt international contre Aristide, qu’il a annoncé récemment, il a indiqué que « la justice haïtienne travaillait sur la procédure à suivre ». Jean Bertrand Aristide, réfugié en Afrique du sud, est soupçonné de détournements de fonds et d’être impliqué dans des crimes politiques.M. Latortue doit rencontrer mardi ( 23 novembre) le secrétaire d’État français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, avant de se rendre à Ouagadougou pour participer au sommet de la Francophonie. AFP

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