Le président haïtien Jean Bertrand Aristide, dont la démission est demandée par l’opposition politique, a proposé mardi des élections parlementaires d’ici novembre alors que les insurgés ont encore accentué leur emprise en Haïti, en prenant une nouvelle ville du nord-ouest. Lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince, M. Aristide a une nouvelle fois exclu de démissionner, réaffirmant sa détermination à rester en fonctions jusqu’au terme de son mandat en février 2006. « Je veux que les Haïtiens restent en Haïti pour qu’ils puissent voter aux élections, peut-être avant novembre prochain », a-t-il dit, appelant ses compatriotes à ne pas quitter le pays. Le président avait déjà promis début janvier des élections dans les six mois, et le plan international de sortie de crise qu’il a approuvé samedi prévoit des élections parlementaires dans un avenir proche. Selon des radios haïtiennes, une nouvelle ville du nord-ouest du pays est tombée aux mains des insurgés. Port-de-Paix, comptant quelque 120.000 habitants, est passée sous le contrôle des insurgés dans la nuit de lundi à mardi, selon les correspondants de ces radios. Ces médias n’ont pas indiqué si l’attaque avait fait des victimes. Depuis le début le 5 février de l’insurrection, quelque 70 personnes sont mortes et plusieurs centaines ont été blessées. Port-de-Paix, située à quelque 300 km de Port-au-Prince, a été le théâtre de scènes de pillages et d’incendies, notamment du commissariat, comme lors des précédentes attaques d’agglomérations tombées sous le contrôle des insurgés, ont précisé les médias haïtiens. Les insurgés, dirigés par Guy Philippe, un ancien commissaire, contrôlent aujourd’hui la moitié du pays. Cinq départements sur les neuf que compte Haïti sont désormais sous leur emprise. Mardi, Guy Philippe a affirmé sur Radio France Internationale (RFI) que le but de ses troupes était de « libérer Port-au-Prince ». Dimanche, dans une déclaration à l’AFP, il avait indiqué qu’il serait à Port-au-Prince « avant deux ou trois jours » et qu’il comptait « libérer le pays entier avant quinze jours ». L’opposition politique et civile haïtienne s’est réunie mardi pour mettre au point sa réponse définitive à un plan international de règlement de la crise, prévoyant le maintien du président Jean Bertrand Aristide, qui perdrait cependant une bonne part de son pouvoir. Les pressions devaient se multiplier dans la journée, notamment américaines, pour obtenir leur adhésion aux propositions internationales. « Notre souci est de trouver une réponse qui nous permette de ne pas perdre la face et que la communauté internationale ne perde pas non plus la face », a déclaré à l’AFP un des responsables socialistes de l’opposition, Micha Gaillard. Le président Aristide a espéré que la réponse serait « positive », tout en dénonçant des opposants qui préférent dire « oui à des tueurs » plutôt que « oui à des élections ». Le président français Jacques Chirac a affirmé que la France n’excluait pas « de contribuer à une force civile de paix » en Haïti et a plaidé pour « un processus de négociation » pour sortir de la crise. Haïti a été « géré depuis bien longtemps de façon désastreuse », a-t-il relevé. Selon des sources bien informées, un ministre et un ancien proche de Jean Bertrand Aristide ont quitté récemment Haïti. Le secrétaire d’Etat aux Affaires sociales et ancien directeur général de la police, Jean-Claude Jean-Baptiste, est parti, comme l’ex-sénateur Pierre Sonson Prince, selon ces sources. Le Premier ministre haïtien Yvon Neptune n’avait pas confirmé cette information. A Londres, la Grande-Bretagne a appelé les 70 Britanniques en Haïti à partir. « Nous conseillons à tous les ressortissants britanniques de quitter le pays, à condition qu’ils puissent le faire en toute sécurité », a déclaré le ministère des Affaires étrangères. Les Etats-Unis, le Canada et la France avaient déjà lancé un appel similaire.
Haïti: Aristide propose des élections, une nouvelle ville contrôlée
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