Haïti compte demander 924 millions de dollars aux donateurs d’ici à 2006

Haïti doit encore trouver 924 millions de dollars pour sa reconstruction d’ici à deux ans, et va tenter de convaincre les donateurs de mettre la main à la poche lors d’une conférence la semaine prochaine à Washington. Les besoins totaux d’Haïti en matière politique, économique et social sont estimés à 1,3 milliard de dollars, selon un rapport d’organisations internationales publié mardi, qui souligne que le pays dispose déjà de 440 millions de dollars de financement. « Il reste 924 millions de dollars à trouver et c’est ce montant que nous chercherons à obtenir lors de la conférence des donateurs », qui aura lieu à la Banque mondiale les 19 et 20 juillet, a indiqué Caroline Anstey, responsable de la zone Caraïbes à la Banque. Plusieurs domaines d’action, allant du soutien économique à l’amélioration des services de bases, ont été identifiés par ce rapport, concocté par le gouvernement intérimaire haïtien, la Commission européenne, la Banque interaméricaine de développement (BID), les Nations unies et la Banque mondiale. Haïti a, en effet, un besoin urgent d’aide avec un revenu par habitant de 361 dollars en 2003. La moitié de la population urbaine n’a pas accès à une eau potable, la prévalence du sida est estimée à 5% et l’espérance de vie n’atteint que 53 ans, souligne le rapport. « Les besoins d’Haïti sont tellement importants que tous ont reconnu que nous ne pouvions attendre après l’été pour organiser une conférence des donateurs », souligne Mme Anstey. Les organisations internationales font valoir l’ « opportunité » que représente la mise en place d’un gouvernement provisoire, après la chute du président Jean Bertrand Aristide le 29 février. « Le gouvernement intérimaire est un gouvernement de technocrates qui se sont engagés à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, ils sont là pour deux ans et veulent vraiment faire avancer les réformes, et il y a là une fenêtre de deux ans qui peut être utilisée pour le bénéfice des Haïtiens », ajoute la responsable de la Banque mondiale. Dans ce cadre, l’évaluation des besoins d’Haïti, menée en étroite coopération avec les autorités de Port-au-Prince, se veut aussi « l’ébauche du programme » de gouvernement pour les deux années à venir. Le programme prévoit, par exemple, la création dans les deux mois de 31 000 emplois et le doublement de l’approvisionnement en électricité, à 12 heures par jour, à Port-au-Prince. L’idée est aussi de ne pas répéter les erreurs commises il y a dix ans. En 1995, des donateurs avaient promis jusqu’à 900 millions de dollars d’aide à la reconstruction d’Haïti mais la Banque mondiale et d’autres institutions financières avaient interrompu leur programme d’aide à cause de la suspension des programmes de réformes économiques. « Les donateurs et le gouvernement ont tiré les leçons du passé. Il y a une véritable volonté de transparence, de pilotage et de ne pas écraser le gouvernement », assure Mme Anstey. Selon elle, l’erreur commise il y a dix ans avait été de présenter une « liste fourre-tout » des projets, et la responsabilité reposait tant du côté des donateurs qui « n’ont pas coordonné l’aide et se sont trop préoccupés de placer leurs drapeaux sur leurs propres projets », que du gouvernement « qui n’a pas assurer la transparence et le suivi ». Les institutions internationales assurent que l’évaluation des besoins n’est qu’une première étape qui sera suivi d’un programme de réduction de la pauvreté.« Nous abordons la conférence avec l’idée que le gouvernement a élaboré un programme très sérieux qui mérite d’être soutenu et nous pensons qu’il sera soutenu. Est-ce que cela signifie que nous obtiendrons 924 millions de dollars ? C’est sans doute improbable, mais nous allons lever des fonds importants dans la communauté internationale », assure Mme Anstey. AFP, Washington, mardi 13 juillet 2004

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