Haïti: Contrer les effets pervers de l’aide alimentaire sur l’économie

Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, l’aide alimentaire arrive tous azimuts vers le pays dévasté. Si cette aide a, dans l’immédiat, sauvé un nombre important de vies, elle risque toutefois d’avoir un effet pervers sur l’économie haïtienne en général et sur les agriculteurs en particulier. Ces derniers, ne produisant en effet que pour une consommation locale et étant privés de moyens techniques et économiques pour conserver leurs denrées sur une longue durée.Les paysans doivent compter à chaque saison sur la clémence de la nature. Le pire, c’est qu’ils n’utilisent que des procédés traditionnels peu performants souvent archaïques pour faire leurs plantations. « Quand vous utilisez des semences de mauvaise qualité, la récolte ne peut être bonne ; un processus de sélection et parfois même de traitement s’impose si vous ne voulez pas que vos rendements aillent de mal en pis», commente l’agronome Philippe Mathieu, représentant de Oxfam-Québec, bureau Haïti.Pour réduire la vulnérabilité de ces agriculteurs, Oxfam de concert avec d’autres organismes dont l’Agence de Coopération Canadienne, supporte depuis décembre 2008 un projet dénommé : « Appui à la relance de la production agricole et à l’accroissement de la sécurité alimentaire ». Ce projet doit permettre à 40 000 agriculteurs et agricultrices et leur famille dans les 6 départements concernés de renforcer la sécurité alimentaire dans le pays et d’améliorer durablement leur situation économique.Ces cultivateurs reçoivent des kits d’outils agricoles, ayant chacun une houe, une serpette, une pioche, une machette, et un manche de pioche. Ils reçoivent également une formation technique agricole et une formation en élevage de petits cheptels de caprins et de volailles en étroite collaboration avec le MARNDR et avec l’aide des ONG IICA, Veterimed. Et enfin, des semences, des engrais chimiques et organiques faits à partir de compost et de fumier leur sont accordés.« SUCO engage un agronome pour la coordination du projet de distribution d’intrants agricoles. Cette ressource humaine est indispensable pour la bonne marche des différentes campagnes agricoles (appui technique, coordination auprès des associations paysannes, entre autres) », explique le responsable de SUCO, une ONG œuvrant dans l’agriculture et partenaire de Oxfam en Haïti dans le cadre du projet mis en place en décembre 2008.Ainsi, bénéficiant de l’expertise de ses partenaires locaux dont SUCO, CARE, PCH et des projets comme le PADELAN, le PROBINA et le PADL-SMA et autres, Oxfam met à la disposition des planteurs des intrants agricoles et des petits animaux d`élevage qui favorisent l’accès des agriculteurs et agricultrices aux intrants de qualités et à des caprins et volailles améliorés. Elle intervient aussi dans le curage et la réhabilitation de systèmes d`irrigation. Dès lors, les productions seront suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires de 200 mille personnes et pour dégager des bénéfices financiers par l’écoulement des excédents.N/ Radio Métropole Haïti

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