Haïti: le Pam consterné par l’arrêt des rotations d’hélicoptères

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé mardi un cri d’alarme pour la survie de 10.000 familles dans le sud-est d’Haïti après la décision de la force multinationale dirigée par les Etats-Unis d’arrêter ses rotations d’hélicoptères acheminant l’aide humanitaire. « Dix mille familles sont en danger » dans la zone de Mapou, coupée du monde et seulement accessible pour longtemps par des moyens héliportés, a déclaré très inquiet le représentant du Pam en Haïti, Guy Gauvreau. « On a besoin d’envoyer 100 tonnes » de nourriture et de médicaments dans le sud-est et la force multinationale de sécurité prévoit de ne faire plus qu’un voyage mardi, en affirmant que l’aide humanitaire aux victimes des inondations « n’est pas dans son mandat », a-t-il ajouté. Les pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit du 23 au 24 mai dans le centre de l’île d’Hispaniola que se partagent à l’ouest Haïti et à l’est la République dominicaine ont fait 1.469 morts dont 1.068 du côté haïtien et 401 du côté dominicain. Le Pam, qui distribue la nourriture aux sinistrés, remercie les armées américaine, canadienne et française pour l’acheminement de l’aide mais « déplore » l’arrêt de leur contribution mardi, jour du transfert à l’Onu de leur autorité en matière de stabilisation d’Haïti, a indiqué Guy Gauvreau. Les militaires de la force multinationale « considèrent qu’il n’y a plus d’urgence » alors que « pour nous il y a urgence » et « c’est là qu’est le problème », a ajouté ce responsable de nationalité canadienne. Si l’Onu prend officiellement mardi le relais de la force déployée au lendemain du départ fin février de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, ses Casques bleus ne seront pas opérationnels avant fin juin. Leur arrivée sera étalée parallèlement à un retrait progressif des troupes américaines et françaises, qui conserveront en juin le contrôle des opérations dans le pays. Certaines unités (équatorienne, peut-être espagnole) seront dotées d’hélicoptères mais qui ne seront pas sur place avant longtemps. Lors d’une conférence de presse lundi matin, le chef d’état-major américain de la force multinationale, le colonel Glen Sachtleben, avait fait valoir que ses troupes avaient « répondu aux besoins urgents à Mapou et Fonds-Verrette », une autre localité du sud-est très touchée par les inondations. Il avait souligné la nécessité de faire le point sur l’aide apportée aux sinistrés tout en prédisant une « autre crise humanitaire dans les 30 prochains jours » en Haïti en raison de la saison cyclonique accompagnée de fortes pluies qui débute sur l’île d’Hispaniola le 1er juin pour s’achever fin novembre. Interrogé sur l’éventualité d’évacuer la population des zones les plus exposées, le colonel Sachtleben avait répondu que la force multinationale avait « des ressources limitées » et qu’il y avait « trop de gens » à déplacer. Tant le Premier ministre haïtien, Gérard Latortue, que le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, qui s’est rendu vendredi dans les zones sinistrées, ont estimé que les seules solutions à Mapou et Fonds-Verrette pour éviter de nouvelles catastrophes étaient un déplacement des habitants, la reconstruction ailleurs de leurs villes et un reboisement du pays. Selon le responsable du Pam, les opérations de secours en Haïti pourraient coûter jusqu’à un million de dollars. « Les populations ont tout perdu, maisons, bétails, cultures », a-t-il fait valoir. Guy Gauvreau a précisé que les donations enregistrées jusqu’à présent n’atteignaient pas 30% du financement requis pour l’aide. Après la France qui a donné 20.000 euros, la Belgique a annoncé lundi le déblocage de 150.000 euros pour Haïti et la République dominicaine. La banque canadienne Scotia a également annoncé lundi un don de 100.000 dollars canadiens (73.000 USD) pour les deux pays, un montant également accordé jeudi dernier par le gouvernement canadien. Port-au-Prince, AFP.

Publicité