Haiti : Les déplacés de Christ-Roi

Deux milliers de déplacés installés dans un camp situé à l’entrée du quartier de Christ-Roi à Port-au-Prince font face à d’énormes difficultés, depuis le séisme du 12 janvier 2010. A part l’eau potable et des blocs sanitaires, ils/elles déclarent n’avoir reçu aucune aide en nourriture, couverture ou prélarts.Ce camp de fortune érigé sur l’emplacement des anciens locaux du KID (Konvansyon Inite Demokratik) et dénommé Camp KID par ses occupants, comporte plusieurs dizaines de maisonnettes en tôle abîmée ; et les résidents–es ne sont guère protégés en période pluvieuse.Les averses du 3 mars ont rendu encore plus difficile la circulation à travers le camp en raison de la boue et des détritus accumulés çà et là, constate une équipe du GARR. «J’ai passé la nuit entière debout dans ce taudis construit avec des matériaux de fortune», déclare une jeune femme logeant avec 6 autres personnes. Elle explique que sa maison est complètement détruite et qu’elle n’a nulle part où aller avec ses deux enfants. «Il faut qu’on nous aide à sortir de cette situation» réclame-t-elle.D’autres occupants-es ont témoigné sur leur vécu depuis le séisme :«Ma maison est dans le même état d’effondrement et mon fils est encore enseveli sous les décombres», confie une sexagénaire. «Aucune aide en nourriture ne nous est parvenue depuis notre arrivée sur ce site et à mon âge, je n’ai pas la force d’aller me battre avec quiconque en quête de quoi que ce soit», se plaint-elle.D’un autre coté, la construction de blocs sanitaires à proximité des taudis pose de sérieux problèmes à certains déplacés. « Je me sens très inconfortable dans mon actuel habitat. Les toilettes dégagent une odeur nauséabonde. Je suis obligée de passer la majeure partie de mon temps loin de chez moi », déplore une occupante.Le camp KID compte environ 300 familles qui viennent pour la plupart des quartiers avoisinants de Christ-Roi.Rappelons que dans une lettre adressée le 19 février 2010 aux ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, l’organisation américaine Human Rights Watch avait affirmé avoir visité les 15 plus grands camps de déplacés-es du séisme du 12 janvier à Port–au–Prince et Jacmel, et qu’«aucun des abris des camps visités n’a été érigé selon les normes internationales, telles que celles définies dans les directives opérationnelles sur les droits de l’homme et les catastrophes naturelles du Comité permanent inter-agence»Au cours d’une réunion régionale de la Commission inter-américaine des femmes (CIM) tenue à Washington, le 26 février 2010, la coordonnatrice du GARR , Colette Lespinasse, avait souligné à l’attention des participants–es qu’au regard de la situation post-séisme en Haïti « le plus grand défi en matière de droits humains demeure le droit à un abri décent et sécuritaire».Lisane AndréResponsable de la Section Communication & PlaidoyerGARR

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