Haïti: les insurgés s’inclinent, renforts étrangers à Port-au-Prince

Les insurgés haïtiens de l’ex-commissaire Guy Philippe ont accepté mercredi de déposer les armes sous la pression de Washington, alors que des renforts militaires étrangers continuaient à arriver en Haïti pour y assurer la sécurité. « Nous avons reçu la garantie que la démocratie sera mise en oeuvre à Haïti » et que la sécurité des Haïtiens « serait assurée », a déclaré le chef militaire des insurgés Guy Philippe, en indiquant accepter de déposer les armes. « Notre premier objectif a été atteint, c’est-à-dire le départ de Jean Bertrand Aristide du pouvoir », a-t-il fait valoir. Peu avant, les Etats-Unis avaient nettement haussé le ton à son égard, en le faisant recevoir par un colonel des Marines. Ce dernier lui a dit qu’il n’avait aucun rôle dans l’avenir politique de Haïti et qu’il devait abandonner toute ambition de contrôler le pays, selon une source diplomatique. Guy Philippe, qui a contribué fortement au départ d’Aristide en prenant le contrôle de la moitié d’Haïti, dispose de quelque 350 hommes à Port-au-Prince, en uniformes et bien armés. Mardi, les insurgés avaient pourtant clamé leur refus de désarmer tant que les « Chimères » pro-Aristide, toujours actives, n’auraient pas déposé leurs armes. « Il faut que Guy Philippe soit nommé commandant en chef des forces armées haïtiennes », avait souligné à l’AFP Winter Etienne, responsable politique du Front de résistance nationale. Des fusillades mercredi entre « Chimères » et dizaines de policiers haïtiens, dans le sud-ouest et est de Port-au-Prince, ont fait au moins trois morts, selon des témoins. Avec en oeil de mire les insurgés, les militaires américains ont effectué une nouvelle démonstration de force, en positionnant sept blindés et deux Humvee dans l’enceinte du Palais National, siège de la présidence, certains dotés de lance-missiles pointés vers la rue. D’autres ont été déployés près des bureaux du Premier ministre haïtien, Yvon Neptune, un proche de Jean Bertrand Aristide, menacé d’arrestation par les insurgés mardi. Une autre démonstration de force était prévue dans l’après-midi au Palais National, avec une prise d’armes américano-française destinée aussi à montrer l’excellence des relations bilatérales. Dimanche, lors de la prestation de serment du président par intérim Boniface Alexandre, l’ambassadeur français Thierry Burkard avait indiqué n’avoir « pas participé à la phase finale » des discussions ayant conduit Aristide à fuir Haïti dans un avion américain. Des gendarmes français sont arrivés mercredi à l’aéroport de Port-au-Prince, portant à 250 le nombre de militaires français déployés en Haïti. « Nous avons une mission de maintien de l’ordre », a déclaré le capitaine Thierry Gineste. Environ 110 militaires du 3e Régiment étranger d’Infanterie basé à Cayenne (Guyane) devaient arriver dans la foulée à Port-au-Prince. Au total, 800 soldats français ont été mobilisés pour Haïti, dont 600 sur le terrain et ils seront opérationnels jeudi, selon l’armée. 134 soldats chiliens étaient attendus mercredi soir et seront renforcés prochainement par 180 fantassins et logisticiens. L’aéroport a été réouvert aux vols civils et un avion d’aide humanitaire y a atterri mercredi pour la première fois depuis plusieurs semaines. Au plan politique, plusieurs entités de la société civile ont désigné leurs représentants à un futur Conseil d’une dizaine de sages, dont la création est prévue par le plan international de réglement de la crise. Une fois formé, ce Conseil, représentant la diversité de la société haïtienne, devrait désigner un nouveau Premier ministre, bénéficiant de la confiance de la population, ouvrant la voie à des élections parlementaires. M. Aristide était toujours mercredi en République centrafricaine, où il a été prié d’observer un devoir de réserve, tandis que Prétoria semble de moins en moins enclin à lui accorder l’asile. AP

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