Haïti figure sur la liste des pays de la Caraïbe sévèrement touchés par le phénomène de la sécheresse et de la désertification. Une bonne partie du territoire national est constituée de zones arides ou semi-arides. Pour trouver les meilleures stratégies de lutte, des experts viennent de relancer le débat sur cette problématique dans le cadre de la Convention des Nations-Unies sur la désertification. Ce débat vient à point nommé puisque ces derniers jours, la dégradation de l’environnement haitien domine l’actualité. Des inondations sont signalées dans les éditions de nouvelles à la radio et à la télé et pour divers observateurs ce n’est pas par pur hasard. Ces sinistres sont les conséquences directes du déboisement massif, des constructions anarchiques au flanc des mornes et des mauvaises pratiques d’irrigation. Outre les activités humaines non durables, les variations du climat sont responsables de la dégradation des terres. Et lorsque le sol est appauvri à ce point, il perd de sa capacité de production. Le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) estime à environ 42 milliards de dollars par an le coût de la désertification en terme de revenus perdus pour les pays touchés par ce phénomène. A l’inverse, la lutte mondiale contre la désertification d’une durée de 20 ans coûterait de 10 à 22 milliards de dollars par an, toujours selon le PNUE. La préoccupation de la communauté internationale est de trouver la meilleure stratégie de financement des programmes de façon à ce que les fonds des donateurs puissent être utilisés à bon escient. En ce sens, la convention des Nations-Unies sur la désertification se propose de remodeler en profondeur le dispositif de l’assistance internationale. Elle entend également mettre l’accent sur la démarche partant de la base, avec forte participation locale dans la prise de décisions. Afin que cette démarche puisse être efficace, des campagnes de sensibilisation devraient être lancées en vue d’informer la population des possibilités qu’offre la convention sur la désertification. Mais le premier acteur à sensibiliser dans cette lutte est le gouvernement qui devra renforcer la législation existante et, si nécessaire, adopter de nouvelles lois. L’équipe dirigeante devra également encourager une décentralisation accrue du pouvoir politique. Parallèlement, poursuit la convention, d’autres dispositions importantes pourraient consister à créer des institutions efficaces pour encourager une gestion durable des terres boisées ou le remplacement du bois de feu par d’autres sources d’énergie, ainsi que des réformes économiques pour réduire la pauvreté. Ces mesures sont en quelque sorte les principales conditions posées par la communauté internationale pour supporter financièrement un Etat dans la lutte contre la désertification. Toutefois, un pays comme Haïti dont l’environnement est excessivement dégradé devrait être automatiquement éligible car la détérioration de l’écosystème n’a pas de frontière .
Haiti menacée par la désertification
Publicité