Haïti: Reconstruction sur fond d’exode

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Des dizaines de milliers d’Haïtiens sont partis vivre à l’étranger après le 12 janvier et l’exode ne semble pas ralentir. Fuir la misère, le manque de perspectives, la peur que la terre tremble à nouveau sont autant de causes dans un pays ou un tiers du produit intérieur brut provient des transferts de fonds des membres de la diaspora vers Haïti.Tous les matins à 8 heures, le général Roland Chavanne, directeur du Centre gouvernemental immigration-émigration arrive à son bureau et organise personnellement l’accueil du premier groupe d’haïtiens en demande d’un passeport. La foule se presse en grand nombre devant le bâtiment de l’immigration-émigration sur Lalu à Port-au-Prince, étape indispensable pour ceux qui veulent des papiers. Les policiers crient dans leur mégaphone et jouent de la matraque au besoin, pour contenir les files indisciplinées. À l’intérieur du bâtiment, ce sont des files d’attentes interminables devant des guichets aux préposés débordé. Le général Chavanne, fait face à des piles de dossiers, il ne peut affirmer que les 24 000 demandes de passeport effectuées depuis le 12 janvier sont toutes celles de candidats à l’émigration mais, il reconnaît que par dizaines de bus et centaines de voitures particulières, des haïtiens sont partis pour la République dominicaine, où les vols vers l’Amérique du Nord étaient maintenus, alors que l’aéroport de Port-au-Prince ne fonctionnait plus. Des dizaines de milliers d’Haïtiens sont venus grossir les rangs des quelques 3 millions de leurs compatriotes vivant déjà à l’étranger principalement au États Unis et au Canada.Étudiants et professeurs, estiment que l’a destruction de l’Université de Port-au-Prince était le dernier coup du sort qu’ils pouvaient supporter, eux aussi quittent le pays, comme de très nombreux cadres haïtiens. Ils seraient environ 10 000, parmi les plus diplômés, à émigrer ainsi chaque année, d’après le quotidien Le Nouvelliste. Le séisme ne pouvait que renforcer cette fuite des cerveaux qui ajoute à l’incertitude quant à l’avenir d’Haïti.Aujourd’hui encore, ce mouvement, nourri par des catégories sociales plus modestes, se poursuit Ils sont toujours aussi nombreux devant les ambassades du Canada, des États Unis ou de la France. Édith, qui vit à Montréal où elle a fait sa vie, aimerait que sa sœur, malade, puisse se soigner au Canada. «Je reviendrai un jour, pour la retraite» dit-elle, «Il fait trop froid au Canada, quand on est vieux, c’est trop dur».N/ Radio Métropole Haïti

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