Haïti santé: «le gouvernement doit revenir sur sa décision»

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En même temps que les pays donateurs s’engageaient dans un élan de solidarité et de générosité sans précédent pour la reconstruction d’Haïti, le gouvernement haïtien dévoilait un projet de rétablissement progressif des frais d’hôpitaux dès la mi-avril.
Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, presque toutes les structures médicales publiques ainsi que de nombreux établissements privés ont prodigué gratuitement des soins médicaux aux victimes du tremblement de terre. «Conditionner maintenant l’accès aux soins à la solvabilité personnelle signifierait ignorer totalement la réalité à laquelle nous sommes confrontés, dans les rues et dans les camps improvisés à Haïti », précise Karline Kleijer, une coordinatrice d’urgence de Médecin sSans Frontière (MSF).Ce retour aux soins payants n’est pas seulement prématuré, il est insensé. «Ça repose sur l’illusion que la population haïtienne est solvable», dénonce Bruno Jochum, directeur des opérations de MSF, qui appelle le gouvernement haïtien à revenir sur sa décision.«Les Haïtiens doivent avoir accès à un système de santé efficace» déclare le docteur Christophe Fournier, président du mouvement international MSF. «Les ressources financières indispensables au fonctionnement des structures de santé ne peuvent pas être ponctionnées sur une population extrêmement fragilisée».Déjà en temps normal, les haïtiens accédaient difficilement aux services médicaux. C’est encore plus vrai aujourd’hui, alors que des centaines de milliers de sinistrés vivent toujours sous des bâches de fortune, dans des villes ravagées où les emplois sont quasi inexistants.Le retour prochain à la facturation des soins permet de mesurer la distance entre l’élan de générosité internationale et l’amélioration réelle des conditions de vie des Haïtiens.Les milliards qui doivent permettre à Haïti de construire des routes, des écoles et des hôpitaux mettront du temps avant de faire sentir leur impact sur la vie quotidienne des gens. Et d’ici là, des milliers d’Haïtiens pourraient hésiter à aller voir un médecin, faute d’argent.N / Radio Métropole Haïti

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