Haïti-Rép.Dominicaine : le contexte de la signature de trois nouveaux accords de coopération

Le 3 février 2014, la République Dominicaine avait réitéré – dans la Déclaration conjointe de Jimani – son engagement à introduire au Parlement dominicain le 27 février 2014, au début de la nouvelle législature, une loi spéciale traitant de la situation des personnes nées sur le territoire dominicain et qui, actuellement, ne détiennent aucun type de document. Un engagement que, jusqu’à date, les autorités dominicaines n’ont pas su respecter. Le Premier ministre de Saint-Vincent & Grenadines, également président en exercice de la CARICOM, Ralph Gonsalves, avait, le 12 mars dernier, admis « attendre avec impatience » le projet de loi que le président Medina avait promis de présenter depuis le 27 Février dernier. Ce projet de loi devrait résoudre  » les graves conséquences de l’arrêt sur les droits de l’homme « , mais  » nous avons encore rien vu « , avait-il expliqué.Le président de la CARICOM avait par ailleurs déclaré n’avoir constaté aucun progrès dans ce domaine lors des précédentes réunions de la Commission binationale de haut niveau. Alors que la CARICOM pratique encore la politique de la chaise vide pour forcer les autorités dominicaines à adopter de nouvelles dispositions en faveur des centaines de milliers de victimes de l’arrêt 168-13, la Commission Mixte Bilatérale Haitiano-Dominicaine poursuit sa mission comme si de rien n’était. Forcé de conditionner la reprise du dialogue binational au rétablissement des personnes dénationalisées dans leurs droits, le gouvernement haïtien croit aujourd’hui avoir avoir trouvé aujourd’hui une échappatoire en restreignant le champ d’action de la « Commission binationale de haut niveau » au profit de la « Commission Mixte Bilatérale ».Mal lui en prend, car il ne peut plus cacher son jeu véritable, au grand dam de la majorité des parties prenantes nationales et des alliés internationaux d’Haïti dans cette dure et humiliante épreuve. Après avoir, en effet, sous la pression de la majorité des parties prenantes haïtiennes et internationales, reporté à quatre reprises les séances de travail organisées par la Commission binationale de haut niveau, les autorités haïtiennes et dominicaines ont adopté une nouvelle formule, hybride celle-là : Les thématiques à discuter entre les deux pays sont choisies d’un commun accord, dans un premier temps, puis leur traitement est confié à la Commission mixte bilatérale (CMB). De concert avec le secteur des affaires, la CMB fait les recommandations jugées appropriées au responsable de la « Commission binationale de haut niveau » qui, de son coté, fait le suivi, pour le dispatching, l’approbation et la signature d’accords de coopération entre les responsables sectoriels des deux pays. Dans la déclaration de Jimani, les deux parties avaient effectivement reconnu la nécessité de « ressusciter » la Commission mixte bilatérale, afin de lui permettre de « jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre et le suivi des accords convenus, en ayant des réunions de façon régulière et en produisant les réflexions nécessaires pour les réunions ultérieures de haut niveau ». Entretemps, les rapatriements se poursuivent, en violation flagrante des dispositions relatives à la mise en œuvre du « Plan national de régularisation des étrangers », une situation vainement dénoncée par des observateurs de la situation dans les deux pays.Le Groupe d’Appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR)est convaincu que « les deux acteurs tendent à mettre de côté les problèmes cruciaux de droits humains entravant les relations de bon voisinage entre les deux peuples de l’île au profit d’autres sujets non prioritaires comme la santé, le tourisme et le commerce ». « Cela s’apparente à une stratégie pour faire passer le temps alors que, d’un côté, des milliers de Dominicains et Dominicaines d’ascendance haïtienne continuent de souffrir du retrait de leur nationalité suite au prononcé de l’arrêt TC 168-13, le 23 septembre 2013 », a déploré le GARR. « D’un autre côté les immigrants haïtiens continuent de subir des violences de toute sorte sur le territoire dominicain sans que les coupables ne soient inquiétés ». Pour le GARR, « le silence complice des autorités des deux pays les encourage à poursuivre leurs forfaits sur cette population extrêmement vulnérable ».C’est dans un tel contexte qu’il faut placer – et comprendre – la signature, ce jeudi 8 mai, des trois accords liant les deux pays dans l’élaboration de politiques publiques visant les secteurs du tourisme, de la santé et du commerce.Ces accords ont été signés au cours de deux réunions qui ont simultanément eu lieu en République dominicaine et en Haïti. Chaque pays était représenté par les responsables des trois secteurs en question. Le secteur associatif des deux pays a, une fois de plus, été tenu à l’écart des échanges ayant précédé la signature de ces trois accords, en dépit du fait que les deux gouvernements s’étaient auparavant mis d’accord « pour impliquer dans le dialogue binational les représentants représentatifs de leur société civile respective » – Déclaration de Jimani.HA/radio Métropole Haïti

Publicité