Haiti/santé : Les personnes vivant avec le BK et le VIH continuent de faire l’objet d’actes discriminatoires

Quelque soit la maladie, celui qui en souffre peut faire l’objet d’une forme quelconque de stigmatisation. De l’avis des experts, le manque d’informations et l’inefficacité des traitements rendant incurable la pathologie sont généralement responsables du comportement discriminatoire vis-à-vis des patients. Bien avant que les laboratoires pharmaceutiques ne mettent au point des médicaments efficaces contre le bacille de koch, la tuberculose était jusque-là incurable. Dans les pays en développement notamment, des tabous ont fait croire que c’était une malédiction divine et qu’il fallait à tout prix isoler les personnes atteintes. Ces dernières en mourraient non seulement en raison de l’absence de traitements efficaces mais aussi et surtout à cause de la discrimination dont elles faisaient l’objet. Aujourd’hui que les médicaments anti-BK sont disponibles et accessibles à tous et que les campagnes d’informations touchent toutes les couches de la population ou presque, des progrès sont constatés. Tout d’abord, de plus en plus de personnes souffrant de tuberculose sont traitées diminuant ainsi la mortalité due au BK. Les sujets infectés au BK ne se sentent pas vraiment stigmatisés en fréquentant les centres de dépistage et de traitement. La peur de savoir et de révéler son statutContrairement aux patients tuberculeux, les personnes testées séropositives après un examen de laboratoire de routine hésitent longuement avant de déclarer leur séropositivité à leurs proches. Des personnes apparemment en santé hésiteraient mille et une fois avant de subir un test de dépistage volontairement. Comme dit d’autre, « vaut mieux de ne pas savoir son statut sérologique si l’on veut vivre sa vie ». Ce qu’il faut comprendre, les premières stratégies développées pour lutter contre le Sida utilisaient des images et des messages qui font peur. Entre autres, des squelettes, des crânes et des phrases comme « Sida, depi ou pran l wap mouri », « Sida pa bay chans ». Dès lors, on considérait le Sida comme un sort ou une malédiction infligée par Dieu aux hommes et aux femmes de mauvaise vie . En outre, les premières explications fournies faisaient croire que les sidéens étaient des prostituées, des homosexuels et des toxicomanes. De ce fait, la société haïtienne a développé des comportements discriminatoires vis-à-vis des personnes infectées et des malades du Sida. Et malgré les efforts déployés pour sensibiliser et éduquer les populations sur les IST/VIH/SIDA, les tabous et les stigmatisations persitent. En Haïti, des Associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA n’ont de cesse dénoncer des cas de membres ayant fait l’objet d’actes discriminatoires. Cependant, certains progrès ont été constatés ces dernières années en Haïti avec l’implication des PV-VIH dans les campagnes de sensibilisation en tant que pairs éducateurs. La société haïtienne commence à percevoir la personne vivant avec le VIH et le malade du Sida d’une autre manière. Beaucoup d’Esther Boucicault, de Marie Rose et de Saurel Beaujour brisent le silence entretenu autour de leur séropositivité pour affronter toutes les formes de discriminations. Aux stigmatisés de se défendre« Je vis avec le VIH, mais je ne suis pas mort. J’ai le droit de continuer à vaquer normalement à mes activités », a déclaré Marie Rose invitant les patients VIH/positif et/ou tuberculeux de ne pas se laisser emporter par les préjugés des uns et des autres. « On doit briser le silence et chercher l’aide des professionnels de la santé », a-t-elle indiqué. Madame Marie Rose n’est pas la seule PV-VIH à briser le silence autour de son statut, d’autres personnes vivant avec le VIH et/ou le BK sont d’avis qu’il faut lutter pour défendre leurs droits. Pour ce qu’il s’agit du VIH/SIDA spécifiquement, il faudra renforcer les campagnes de sensibilisation et d’éducation pendant de longues années encore pour arriver à enrayer le phénomène de la stigmatisation, a-t-elle ajouté. C’est d’ailleurs, l’avis du responsable de l’Association des personnes vivant avec le VIH (ASON), Saurel Beaujour. Dans ses différentes déclarations, M. Beaujour demande aux PV-VIH de défendre leurs droits de travailler, d’avoir accès à des soins de santé efficaces et une alimentation équilibrée.Le sidéen est beaucoup plus stigmatiséDes personnes interrogées à Port-au-Prince estiment que les PV-VIH et les malades du Sida sont beaucoup plus stigmatisés que ceux souffrant de tuberculose. Des Tuberculeux rencontrés dans des centres de traitement n’ont pas hésité à déclarer leur statut. Toutefois, ils dénoncent le comportement de certains professionnels de la santé qui les traitent en parent pauvre. Les patients TB nécessitent, en effet, une prise en charge intégrée. A ce niveau, des lacunes méritent d’être comblées par les responsables de la santé, de l’avis des personnes interrogées. Mais étant donné que le tuberculeux et le sidéen présentent le même profil, ils sont assez souvent victimes du même niveau de stigmatisation par des membres de la population qui n’arrive pas à faire la différence. En effet, pour des experts en santé, il n’existe pas vraiment de différence entre ces deux patients. Ils doivent tous les deux bénéficier d’une prise en charge intégrée en vue de leur réhabilitation physique et leur réintégration à la vie sociale et économique. Toutefois, quand ils souffrent d’une infection combinée BK/VIH, la prise en charge médicale paraît plus compliquée.Texte de Cossy Roosevelt, lauréat du concours Stop TB de Panos Caraïbes/Haïti

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