AFP.- Jean Dominique, 69 ans, était en Haïti, un véritable symbole, connu pour son engagement constant contre la dictature et pour la démocratie. Il a été tué de 7 balles au moment où il entrait dans le bâtiment de sa station. Cet assassinat, « perpétré de sang froid par des tueurs qui selon toute vraisemblance ont bien planifié leur forfait » selon un communiqué de la Mission Electoral de l’Organisation des Etats Américains (OEA), intervient après une semaine de violences dans la capitale et en province qui avait fait au moins 2 morts. Mardi, un responsable local de l’opposition, Légitime Athis, avait été tué avec son épouse par des inconnus dans une des communes rurales de Petit-Goâve, à quelque 70 km de Port-au-Prince. Pourfendeur du duvaliérisme, des tonton macoutes, la milice des Duvalier, et des militaires putschistes, le franc parler de Jean Dominique dans ses éditoriaux lui avait valu de nombreux ennemis à l’extrême droite comme à l’extrême gauche, dans un pays où la tradition orale et donc les radios gardent une grande importance. Jean Dominique, selon ses proches, recevait des menaces de mort depuis plusieurs mois. La violence est endémique en Haïti en période préélectorale, mais les observateurs s’accordaient tous lundi à penser qu’elle a franchi un nouveau degré avec l’assassinat de M. Dominique. Ce double meurtre est « dramatique pour la presse haïtienne et devait être considéré comme un sérieux avertissement pour la liberté de la presse dans le pays », a déclaré à l’AFP une des anciennes collaboratrices de M. Dominique, Liliane Pierre Paul, journaliste de Radio Kiskeya, résumant le sentiment de la plupart de ses collègues. La conquête du pouvoir constitue la toile de fonds des violences, alors que la communauté internationale tente d’obtenir des responsables haïtiens une nouvelle date pour des élections législatives, qu’elle souhaite distincte de cette de la présidentielle prévue à la fin de l’année. Un précédent calendrier, qui avait fixé ces élections au 9 avril et au 21 mai, a été abandonné. Un nouveau calendrier doit être encore rendu public.
Haïti : un Lendemain Amer
Publicité