Imbroglio diplomatique avec Haïti, Ottawa reste ferme

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Le gouvernement fédéral refuse de s’excuser auprès du premier ministre d’Haïti, Jacques-Édouard Alexis, qu’il considère toujours complice de crimes contre l’humanité. Mais l’avocat de M. Alexis contre-attaque, à quelques jours de la visite en Haïti du ministre des Affaires étrangères du Canada.Le ministre Peter Mackay doit se rendre en fin de semaine à Port-au-Prince, mais il ne vient pas offrir des excuses officielles du Canada à M. Alexis. Il lui proposera tout au plus d’avoir une discussion. « J’espère rencontrer directement M. Alexis. Il y a toujours des exceptions pour chaque dossier», déclare M. Mackay.Mais l’exception dont il parle demeure strictement diplomatique. Ottawa est prêt à accepter que Jacques-Édouard Alexis mette les pieds au Canada en tant que premier ministre, mais pas en tant que citoyen. Le gouvernement fédéral le considère toujours comme complice de crimes contre l’humanité..« La balle n’est pas dans mon camp, la balle est dans le camp canadien », rétorque le premier ministre haïtien, qui vient d’autoriser son avocat à dévoiler publiquement le dossier monté contre lui. Trois pages des quelque 160 pages du dossier ont été retirées pour des questions de sécurité nationale. Le reste du dossier détaille ses visites au Canada, et cite des extraits de rapports d’organisations internationales sur des meurtres et des abus des droits de l’homme commis par la Police nationale haïtienne entre 1999 et 2001, ainsi que sur l’intimidation systématique des opposants à l’ex-président Jean-Bertrand Aristide et son mouvement Lavalas. Le rapport conclut que le premier ministre haïtien aurait dû être au courant de ces atrocités et qu’il en est, de ce fait, le complice.L’avocat de M. Alexis, Hugues Langlais, conteste cette conclusion. Il rappelle que la Cour fédérale a jugé, dans des cas semblables, que le fait de citer vaguement la loi sur les crimes contre l’humanité n’est pas suffisant : il faut des preuves concrètes et précises. « Si rien de ça n’est démontré, dit M. Langlais en montrant le rapport, ce ne sont que des soupçons et ce n’est pas suffisant. ».En tant que premier ministre, Jacques-Édouard Alexis ne veut pas que ce litige porte atteinte aux relations entre le Canada et Haïti. Mais en tant que citoyen, il a fermement l’intention de mener cette bataille jusqu’au bout. Sources: Radio Canada

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