Jean Claude Duvalier a répondu aux questions des juges de la cour d’appel ce jeudi

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L’ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier a comparu jeudi, pour la première fois depuis son renversement en 1986, devant un tribunal de Port-au-Prince pour corruption et atteinte aux droits de l’homme. »Baby Doc », qui est âgé de 61 ans, a nié toute responsabilité pour les abus commis lors de ses 15 ans de règne dans ce pays, l’un des plus déshérités de la planète.Interrogé sur son rôle de chef de l’Etat entre 1971 et 1986, il a répondu que les responsables officiels disposaient « chacun de leur propre autorité ». « Sous mon autorité, les enfants pouvaient aller à l’école, l’insécurité n’existait pas », a-t-il fait valoir.Duvalier avait boycotté trois précédentes audiences judiciaires, la dernière il y a une semaine. Le juge de la cour d’appel, Jean-Joseph Lebrun, avait alors lancé un mandat ordonnant au parquet de faire en sorte que l’inculpé soit présent ce jeudi, sous escorte policière le cas échéant.Il est finalement arrivé très tôt à bord de sa propre voiture, accompagné de sa compagne de longue date Véronique Roy. Peu après son arrivée, des centaines de partisans se sont rassemblés devant le palais de justice au cri de « Vive Duvalier ! »L’audience préliminaire avait pour but de déterminer les charges qui lui seront notifiées. C’est la première fois que l’ancien président a été obligé d’évoquer en personne les crimes qu’il est accusé d’avoir commis durant son mandat. »RESTAURER LA CONFIANCE » »Duvalier s’en est toujours sorti toute sa vie. Aujourd’hui, il est obligé d’affronter ses victimes dans le prétoire », a commenté Reed Brody, porte-parole de l’ONG Human Rights Watch (HRW). « Le message est fort. Cela peut aider à restaurer la confiance des Haïtiens dans leur justice ».Jean-Claude Duvalier avait été brièvement arrêté pour corruption, vol et détournement de fonds à son retour dans l’île en janvier 2011 à l’issue de 25 ans d’exil en France. Ces charges sont toujours valables.D’autres charges pour crimes contre l’humanité déposées par des victimes supposées d’emprisonnement forcé, de disparition et de torture ont été écartées l’an dernier par un juge d’instruction en raison du droit de prescription.La Haut-Commissaire de l’Onu pour les Droits de l’homme, la Sud-Africaine Navi Pillay, a toutefois prévenu la semaine dernière les autorités haïtiennes que le droit de prescription n’existait pas au regard du droit international concernant les atteintes graves aux droits de l’homme.Duvalier, qui a hérité à 19 ans du titre de « président à vie » d’Haïti, se serait enfui en 1986 après avoir mis à l’abri dans des banques européennes plus de 100 millions de dollars.Son départ, sous la pression de manifestations et de révoltes populaires, a signé la fin de près de trois décennies du règne de la dynastie Duvalier entamé par son père, François Duvalier, alias « Papa Doc », en 1957.

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