Jean Michel Carroit fait état d’un climat de peur chez les haïtiens de Saint Domingue

Jean-Michel Caroit, correspondant permanent de radio Métropole en République Dominicaine, affirme que l’épineux dossier migratoire a resurgi ces dernières semaines dans le cadre des menaces contre Sonia Pierre. Elle a appris au début de ce mois que les autorités de Saint-Domingue tentent de la dépouiller de sa nationalité dominicaine sous prétexte que ses parents, arrivés d’Haïti en 1951 pour couper la canne à sucre, auraient fait une fausse déclaration lors de sa naissance, en 1963.Sonia Pierre prend au sérieux les nombreuses menaces de mort contre elle précisant « je tiens le gouvernement pour responsable de ce qui pourrait m’arriver « .Sonia Pierre est née et a grandi dans une famille de douze enfants au batey (camp de travailleurs des exploitations sucrières) Lecheria, sur la plantation Catarey, à 45 km au nord-ouest de Saint-Domingue. Son père est mort de tuberculose alors qu’elle n’avait que 18 mois. A la tête du Mouvement des femmes dominico-haïtiennes (Mudha), elle défend les droits des descendants d’Haïtiens,  » plus de 200 000 personnes, parfois de la troisième et de la quatrième générations « , et se bat pour améliorer les conditions de vie dans les bateys. En septembre 2005, elle obtient une importante victoire lorsque la Cour interaméricaine des droits de l’homme condamne les autorités dominicaines pour avoir refusé de délivrer un acte de naissance à deux fillettes d’origine haïtienne, Dilcia Yean et Violeta Bosico. Selon la Constitution dominicaine, la citoyenneté repose sur le jus soli, le droit du sol, sauf pour les diplomates et les  » personnes en transit « . Sous la pression des secteurs nationalistes, une nouvelle loi, votée en 2004, considère tous les  » non-résidents  » comme des personnes en transit, même s’ils vivent en République dominicaine depuis des dizaines d’années. Visant à exclure les migrants haïtiens du jus soli, cette loi est considérée par de nombreux juristes comme contraire au droit international et aux conventions signées par la République dominicaine. Selon Jean Michel Carroit depuis le retour du président Fernandez au pouvoir, le discours nationaliste gagne du terrain, sous l’influence de l’un de ses principaux conseillers et ministres, Vinicio Marino Castillo, qui dénonce le  » complot des grandes puissances » voulant  » fusionner l’île pour se décharger du problème haïtien sur la République dominicaine « .Selon les statistiques, le nombre de migrants qui traversent clandestinement la frontière a fortement augmenté ces vingt dernières années à mesure que la crise s’aggravait en Haïti et que les Etats-Unis renforçaient leur dispositif pour freiner l’exode des boat-people.

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