Journée de Chaos à Port-au-Prince et en Province

La capitale haitienne a vécu une folle journée ce lundi 17 décembre à l’occasion d’une tentative de coup d’état qui s’est soldée par trois (3) morts et plusieurs blessés par balle, selon les autorités gouvernementales. Deux (2) policiers ont été tués ainsi qu’un inconnu armé qui ferait partie d’un commando ayant attaqué le Palais National dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 décembre. Selon le responsable de la sécurité présidentielle, Jean Oriel, des inconnus armés vêtus de l’uniforme militaire ont investi le Palais National aux environs de deux heures du matin pour tenter de prendre le contrôle des lieux. Ce groupe d’hommes lourdement armés dont certains parlaient l’Espagnol et l’Anglais, selon le responsable policier, a butté sur une forte résistance des agents de la sécurité du Palais qui, au cours des échanges, ont abattu l’un des assaillants. Toutefois, le chef de la sécurité du Palais National a révelé que les autres membres du commando avaient pu s’enfuir. Auparavant, plusieurs membres du bureau de presse de la présidence , dans des declarations faites sur les ondes de diverses radios , avaient assuré que la zone du Palais National était quadrillée par des unités de la police nationale. Au cours d’une conférence de presse, le directeur de l’unité de sécurité présidentielle avait indiqué que , selon certaines communications radios interceptées , l’ancien commissaire de police du Nord , Guy Philippe, était à la tête de ce coup d’état. Cette information a été démentie par M . Philippe lors d’une interview accordée à Radio Carnival à Miami et relayée par Radio Métropole à Port-au-Prince. La nouvelle de la tentative de coup d’état a été annoncée aux environs de 1 heure 30 du matin par la Radio d’Etat . Radio Nationale avait cité un communiqué gouvernemental appelant la population à la vigilance. Quelques instants plus tard , dans les quartiers populaires et dans les principales artères de Port-au-Prince des barricades de pneus enflammés et des carcasses de véhicules calcinés étaient dressés par des members d’Organisations Populaires (OP) proches du pouvoir Lavalas dont certains portaient des armes automatiques et des armes blanches, ont constaté les différents reporteurs des stations radios de la capitale. De nombreux partisans du président de la république étaient massés devant le Palais National, au Champ de Mars , pour défendre , disent-ils , le pouvoir Lavalas face à ses ennemis entre autres la Convergence Démocratique , l’Initiative de la Société Civile et la Communauté Internationale . Au même moment , d’autres groupes d’OP mettaient le feu au quartier général de la principale coalition de l’Opposition : la Convergence Démocratique qui abrite l’OPL. Les locaux du Conacom, de la KID, de l’ALLAH et les résidences des dirigeants de l’OPL Gérard Pierre Charles, du Conacom Victor Benoit, du MOCRENAH , Luc Mezadieu et Sylvio Dieudonné ont également été incendiés. Un agent de sécurité de ce parti a été lynché puis brûlé par des membres d’OP pro- lavalas . A noter que le local de l’Institut Français a été saccagé . Dans la deuxième ville du pays , le Cap-Haitien, plusieurs résidences de membres de l’Opposition ont été mises à sac . A Petit-Goave, ville sous forte tension depuis l’assassinat du journaliste Brignol Lindor le 3 décembre dernier , la maison du maire Lavalas Emmanuel Antoine a été incendiée de même que celle du militant de l’Opposition Déus Jean François. La Presse, elle aussi, a été la cible des proches du pouvoir ce 17 décembre. Les vitres de l’autobus appartenant à Radio Caraibes ont été brisées par des manifestants pro-Lavalas. Des reporters de Radio Métropole ont été agressés et mis en joug par des partisans du pouvoir qui se trouvaient à bord de véhicules appartenant à des entreprises de l’Etat. Plusieurs journalistes d’autres stations de radio ont reçu des menaces de mort et des medias tels Radio Quisqueya, Radio Vision 2000, Radio Caraibes et Radio Métropole avaient cessé d’émettre pour raison de sécurité . Dans un discours diffusé en fin d’après-midi sur Radio Ti Moun, (station de l’organisation politique « Fanmi Lavalas ») , le président de la République, Jean Bertrand Aristide , a appelé à la mobilisation pacifique de la population avec des veillées patriotiques. Il a par ailleurs condamné les incendies des locaux de l’Opposition et demandé à la population de respecter les droits de la presse.

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