La banque centrale d’Haïti accuse un déficit de crédibilité

Laissant les invités de la Chambre de Commerce Haïtiano-Américaine (Hamcham) sur leur faim à l’occasion du dernier déjeûner-débat organisé le mercredi 26 février dans la capitale haïtienne, le vice-gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), M. Hancy Pierre-Louis, selon un reportage du journal Le Nouvelliste, a déclaré que la Banque Haïtienne de Développement (BHD) qui a été « déssaisie » le 25 février dernier, est en situation d’illiquidité absolue et il y a des indices probants d’insolvabilité. En fait, le dernier–né du système bancaire, qui avait ouvert ses portes en 1999, n’a pas fait long feu et pourrait connaître le même sort que la Banque Métropolitaine qui avait dû cesser ses activités en 1997. Convoqué au Parlement pour donner des explications sur la situation de la BHD, le gouverneur de la banque centrale, M. Venel Joseph, a souligné à l’attention des sénateurs que tout était sous contrôle trois (3) jours après le « déssaisissement » de la BHD. Il a expliqué en fait que l’action de la BRH était entreprise pour rassurer les épargnants et les actionnaires de l’institution. Le principal dirigeant de la banque centrale tenta de rassurer un dirigeant de l’Opposition au régime Lavalas, l’un des principaux actionnaires de la BHD, M. Chavannes Jean-Baptiste qui avait déclaré à Radio Métropole que l’acte posé par la banque des banques avait une coloration politique. M. Jean-Baptiste avait dit qu’une réunion s’était tenue au Palais National avant la décision de la banque centrale de prendre le contrôle de la BHD. Il convient d’ajouter que des membres de la force spéciale de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont été utilisés à l’occasion de la fermeture de la Banque Haïtienne de Développement. En dépit des garanties données par le numéro un de l’Institut d’Emission au cours de son audition au Parlement, les responsables du Département de la Supervision de la Banque de la République d’Haïti ont annoncé, dans une conférence de presse tenue 24 heures plus tard, que les épargnants de la BHD ne pourront réaliser des retraits durant les deux (2) prochains mois. Ceci a créé une certaine confusion au niveau de l’opinion publique et pourrait causer des attentes négatives de la part des épargnants du système bancaire. Il importe de rappeler que les autorités monétaires ont fait montre jusqu’à présent d’une certaine passivité dans la gestion de certains dossiers – la Banque de l’Union Haïtienne (BUH) et les nouvelles coopératives financières – au niveau du système financier haïtien. Après maintes pressions données aux dirigeants de la BUH au cours des deux dernières années pour trouver un partenaire ou simplement vendre l’institution, les responsables de la banque centrale ne se sont jamais prononcés officiellement sur ce dossier. Les dirigeants de la SOGEBANK qui avaient gagné le droit d’acquérir la BUH à l’occasion de la dernière assemblée de cette institution, avaient annoncé, au début de l’année, leur retrait de la transaction. Quant aux coopératives financières qui offrent des taux d’intérêt extrêmement élevés pour attirer des épargnants, elles sont totalement ignorées par les autorités financières qui estiment qu’elles n’ont pas de provisions légales pour superviser ces institutions. Ces dernières constituent, selon certains analystes, une certaine menace pour l’ensemble du système financier au cas où elles se retrouveraient dans l’incapacité de faire face à leurs engagements. Ces analystes craignent l’éclatement d’une crise financière qui pourrait empirer la situation politique et sociale déjà précaire du pays. Kesner Pharel – kfpharel@hotmail.com

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