La mission de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) a bouclé sa visite de trois (3) jours dans la capitale haïtienne le samedi 1er juin 2002. Les membres de cette mission estiment qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer la situation des droits humains dans le pays. La CIDH a fait part de sa préoccupation à propos des bandes armées, de la question de la dépendance de l’appareil judiciaire ainsi qu’à l’impunité. Le systeme judidiciaire haitien caractérisé par sa dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif est dans l’ensemble mis en cause dans le communiqué de la CIDH. La commission interaméricaine des droits de l’homme se dit vivement préoccupée par les problèmes liés à l’établissement d’un Etat de droit en Haiti et du processus démocratique . Elle met en évidence la grande faiblesse du pouvoir judidicaire , l’impunite , l’état d’insecurite des citoyens haitiens et l’existence des groupes armés agissant en toute quiétude et les menaces proférées à l’encontre des journalistes haitiens. La CIDH dit noter le contexte difficile dans lequel vit la société haitienne qui se manifeste par la pauvreté extrême de la majorité de la population , le taux élevé d’analphabètes et de la mortalité materno-infantile et la manutrition. Ces circonstances, selon la commission de l’OEA, crèent une situation de crise sociale et constitue en soi une série de violations des droits humains . En ce sens , le communiqué précise que “ le respect effectif des droits humains ne comporte pas seulement les droits civiques et politiques mais aussi les droits économiques , sociaux et culturels représentant un défi de grande envergure qui ne peut être relevé sans un engagement profond et un plan concret de développment du gouvernement avec la collaboration de divers secteurs de la société civile et de la communauté internationale” . Quant aux violations des droits humains et à la faiblesse de l’Etat de droit en Haiti que la commission a relevé durant son bref passage au pays , elle recommande de façon urgente , l’accélération du processus de changement de la situation grave que l’on retrouve dans le système judiciaire dûe principalement à son manque d’indépendance et aux restrictions budgétaires et logistiques . La CIDH déplore le manque de progrès réalisés dans les enquêtes relatives à l’assassinat des journalistes haitiens et Jean Léopold Dominique et Brignol Lindor .L’impunité, selon la commission, ne peut qu’encourager la perpétration de pareils actes sur les journalistes haitiens . Dans le même temps, la commission des droits de l’homme de l‘OEA indique qu’il est possible pour la presse de critiquer des autorites hatiennes même si ces critiques peuvent entrainer des menaces susceptibles de placer les journalistes dans une position vulnérable. Tout en se gardant de produire des observations sur la politique du gouvernement dans lutte contre la criminalité et la formule “zéro tolérance “ telle que préconisée par le président Aristide , la CIDH affirme qu’il est indispensable que les droits individuels des citoyens soient respectés. De plus, précise la commission, le monopole de la force doit être maintenu exclusivement pour la force de sécurité publique . En ce qui a trait au désarmement annoncé par le président de la république, la commission salue cette mesure mais, pour elle , il est essentiel que des enquêtes soient rapidement diligentées en vue d’un réel désarmement . Dans le même temps , la commission se propose de suivre de près les progrès de ce programme qu’elle considère comme essentiel pour arriver à un meilleur respect des droits de la personne en Haiti. Invitée par le gouvernement haitien à évaluer la situation des droits de l’homme dans le cadre de la résolution 806 de l’OEA, la Mission de la CIDH qui s’est déroulée du 28 au 31 mai 2002 a eu des rencontres avec tous les secteurs tant nationaux qu’internationaux. Tout en offrant ses bons offices dans la consolidation des institutions démocratiques , la commission plaide en faveur du renforcement de la protection des droits humains dans un contexte démocratique et de légalite institutionnelle . La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme dit espérer revenir bientôt en Haiti en vue d’assurer le suivi des recommandations produites aux autorités .
La CIDH préoccupée par la situation des droits humains en Haiti
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