La corruption dans les marchés publics mine la lutte contre la pauvreté. Haïti en tête du rapport de Transparency International…

La corruption dans les marchés publics constitue un « obstacle majeur au développement durable » des pays pauvres et prive les pays riches en pétrole de leur « potentiel », estime l’organisation Transparency International (TI) dans son rapport annuel publié mercredi où Haïti (1,5 sur une échelle de 10) figure au premier plan des pays corrompus de la planète. « Si nous espérons atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, qui sont de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême d’ici à 2015, les gouvernements doivent s’attaquer sérieusement à la corruption dans l’adjudication des marchés publics », a déclaré le président de TI, Peter Eigen. La corruption entraîne « une perte importante de fonds publics dont ont besoin aussi bien les pays développés que les pays en développement pour l’éducation, les soins de santé et la réduction de la pauvreté », a-t-il ajouté dans un communiqué diffusé avant la présentation du rapport à Londres. Haïti, le Bangladesh et le Nigeria sont en tête de l’indice 2004 de perception de la corruption (IPC), c’est-à-dire les pays où la corruption est la plus « aigüe », a précisé l’organisation non gouvernementale. Le niveau de corruption est également élevé dans les « pays riches en pétrole » qui obtiennent des scores « extrêmement bas » sur une échelle allant de 10 (haut niveau de probité) à 0 (haut niveau de corruption), observe TI. Dans ces pays, « la passation des marchés publics est corrodée par la disparition des revenus qui aboutissent dans les poches de dirigeants de sociétés pétrolières occidentales, d’intermédiaires et de fonctionnaires locaux », déplore TI. L’ONG incite « vivement » les gouvernements occidentaux à « obliger leurs sociétés pétrolières à divulguer les droits, redevances et autres sommes qu’elles versent au gouvernements et sociétés pétrolières nationales des pays hôtes ». Parmi les 146 pays figurant dans le classement 2004, 60 obtiennent moins de 3 sur 10, ce qui indique que la corruption y est « endémique » et les « dépouille » de leur « potentiel », relève TI. Les pays les plus pauvres, qui pour la plupart se retrouvent dans la moitié inférieure de l’indice, sont « ceux qui ont le plus grand besoin de soutien dans la lutte contre la corruption », a souligné M. Eigen. La Russie est mal classée (90e – 2,8) à égalité avec l’Inde, après la Chine (71e – 3,4) mais devant l’Algérie (97e – 2,7). A l’opposé, la Finlande (9,7), la Nouvelle-Zélande (9,6), le Danemark et l’Islande (tous deux 9,5) forment le quatuor de tête des pays perçus comme les moins corrompus, devant Singapour (9,3), la Suède (9,2), la Suisse (9,1) et la Norvège (8,9). Le Royaume-Uni (11e – 8,6) devance l’Allemagne (15e – 8,2), les Etats-Unis (17e – 7,5), le Chili (20e – 7,4) et la France (22e – 7,1), à égalité avec l’Espagne. L’indice a été établi à partir de 18 enquêtes et analyses d’experts fournis à TI entre 2002 et 2004 et réalisés par 12 organismes indépendants, selon le communiqué. Tous les pays du monde ne figurent pas dans le classement de TI, dans la mesure où un minimum de trois enquêtes par pays est nécessaire pour qu’il puisse être inclus dans l’IPC. Le gouvernement intérimaire haïtien vient de créer une Commission d’enquête sur la gestion du gouvernement lavalas sous la présidence de Jean Bertrand Aristide du 7 février 2001 au 7 février 2004. Cette commission de cinq membres dirigée par l’ancien sénateur Paul Denis va travailler dans la transparence, promet le Premier ministre Gérard Latortue. Les séances d’audition des personnalités soupçonnées de corruption et de pratiques administratives incorrectes seront publiques, assure le chef du gouvernement. Outre Paul Denis, la commission qui a un mandat de 5 mois est composée de Marylin Allien de la Fondation Héritage, représentant de Transparency International en Haïti, de Sylvie Bajeux, Alix Richard et de Pierrot Délienne. AFP, Radio Métropole, mercredi 20 octobre 2004.

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