La célébration de la journée internationale des détenus, ce dimanche 27 octobre en Haiti, survient à un moment où des mouvements de grève paralysent le système judiciaire dans la plus grande juridiction du pays.Dans cette grave crise qui secoue actuellement le système judiciaire haïtien, ils sont très peu, jusqu’à présent, à se préoccuper du sort des personnes récemment mises en examen judiciaire et dont la détention pourrait se prolonger au détriment de leurs droits fondamentaux.Cette célébration, ironiquement, est survenue à un moment où le système judiciaire est paralysé dans la juridiction de Port-au-Prince par les mouvements de grève déclenchés par les avocats du Barreau et les parquetiers.Le bras de fer entre avocats et parquetiers de la capitale dans le cadre de l’affaire André Michel,qui défraie la chronique depuis quelque temps, a effet pris une tournure inattendue ce vendredi lorsque le Commissaire du gouvernement Francisco René et le personnel du Parquet près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince sont entrés en grève pour réclamer « de meilleures conditions de sécurité dans l’exercice de leur fonction ». Cette décision d’entrée en grève a été prise vingt-quatre après que le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Carlos Hercule, eut annoncé une grève illimité des avocats pour réclamer le départ du commissaire du gouvernement Francisco René et du juge instructeur Lamarre Bellizaire.Les avocats bénéficient dans cette affaire de l’appui de l’Association des Magistrats Haïtiens (Anamah, ce qui vient compliquer davantage une situation déjà préoccupante.Pas étonnant donc que la problématique de la détention préventive prolongée et le sort des détenus aient été les sujets majeurs de réflexion dans le cadre de la célébration de la journée internationale des détenus, ce dimanche 27 octobre en Haiti.Réduire la détention préventive prolongée et améliorer le sort des détenus sont pour Marie Yolène Gilles, responsable de programme au RNDDH, les principaux défis que le système judiciaire haïtien se doit de relever.Plusieurs organisations de defense des droits humains en ont également profité pour présenter un état des lieux dans les prisons du pays.Pour Marie Yolène Gilles, responsable de programme au RNDDH, « une simple augmentation des heures de travail des juges pourrait aider à réduire le nombre de citoyens qui croupissent en prison sans avoir été jugés ».Elle en a profité pour inviter les autorités « à séparer les personnes condamnées de celles qui n’ont pas encore été jugées pour éviter de violer les droits des premières ».Récemment, l’Office de Protection du Citoyen (OPC) avait identifié les causes premières de ce qu’il avait qualifié « d’entassement carcéral notoire », en mettant en cause le mépris de l’horaire établi par diverses parties prenantes – et non des moindres – du système judiciaire.Ce sont d’abord ces « bureaux, cabinets et cours des palais de justice trop souvent déserts ou tout au plus ne fonctionnant qu’à vocation partielle, au rabais ou au ralenti ».Les autres causes premières sont les profondes défaillances de l’appareil judiciaire, liées au dysfonctionnement généralisée de l’administration et la distribution de la justice, « directement responsables du taux de détention abusif représentée par 70% de la population carcérale haïtienne ». « Absentéisme chronique, négligence, perméabilité à la corruption et le manque d’indépendance, caractérisent ce double secteur technique et administratif (qui) contribue largement à doter Haiti de la distinction d’être l’un des pires pays au monde en la matière ». Credit photo : maghaiti.com HA/Radio Metropole Haiti
La crise du système judiciaire haïtien et le drame de la détention préventive prolongée
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