La crise politique prend de l’ampleur avec le départ du numéro 1 de la police

La crise politique a de toute évidence franchi une nouvelle étape avec le départ forcé du directeur général a.i. de la Police Nationale d’Haiti (PNH) après moins de trois (3) semaines en poste. Les relations entre Lavalas et la Communauté Internationale risquent de se détériorer . D’ailleurs , les nouvelles donnes confortent la position de scepticisme de l’Opposition à l’endroit du Pouvoir. Catastrophe ou scandale , pensent certains après l’ annonce de la démission du directeur a.i. de la PNH, Jean Robert Faveur. Si l’on met momentanément de côté les révélations évoquées dans la lettre adressée au Président de la République,Jean Bertrand Aristide, où Jean Robert Faveur présente l’institution policière comme étant totalement soumise , cet acte peut tout aussi bien avoir des répercussions sur l’espoir d’une résolution de la crise politique. Le secrétaire d’Etat américain , Collin Powell , avait donné au gouvernement jusqu’au mois de septembre pour créer les conditions de la formation du Conseil Electoral Provisoire (CEP) faute de quoi la Mission de l’Organisation des Etats Américains (OEA) sera réévaluée . Si l’on met cette démission dans le contexte de la crise actuelle, on verra que Jean Robert Faveur croyait pouvoir jouer sa partition ou du moins contribuer à faire de la Police Nationale une institution efficace dans la recherche d’une solution à la crise ou encore dans la perspective des élections . On verra que la lettre est aussi bien imprégnée d’une marque de déception quand le démissionnaire s’est rendu compte de sa réelle situation. Avant de prendre l’exil, le directeur démissionnaire a écrit « aujourd’ hui, j’ai choisi le chemin de l’exil au lieu de me laisser corrompre et m’asservir. La situation n’est pas bonne au sein de la PNH et la misère fait rage dans le pays ». Il poursuit dans sa lettre à Jean Bertrand Aristide que « je pensais qu’avec moi, vous voyez un début de solution au problème de la crise. Mais , non, vous n’en tenez pas compte. Beaucoup de gens qui s’enrichissent autour de vous ont peur de vous dire que ça val mal dehors. Je suis fier de n’avoir pas trahi la confiance que le peuple, les policiers, la grande majorité de la Communauté Internationale et certains de vos proches avaient placé en moi ». Juste avant de placer ces propos dans le contexte de la crise actuelle, on se le rappelle, il y a quinze (15) jours, des parlementaires Lavalas avaient applaudi cette nomination en indiquant avoir l’espoir que d’aucuns n’auront pas à redire de ce choix. De même que David Lee, chef de la Mission Spéciale , avait applaudi de façon diplomatique la nomination de Jean Robert Faveur. Il a eu à souligner à l’attention de l’opinion que la Mission était consultée comme prévu dans la Résolution 822 et que c’était pas un mauvais choix. Allusion, bien entendu, à la carrière de M. Faveur. Bien évidemment, cette démission témoigne d’un malaise qui réside au sein du Pouvoir . Tandis que l’Opposition et la Société Civile voient dans la démission l’explication de la crise qui dure et dont le dénouement se complique. D’ailleurs, les partis de l’Opposition et d’autres secteurs de la Société Civile conditionnent leur participation aux prochaines élections à l’établissement d’un climat de sécurité par l’institution policière . Les révélations de Jean Robert Faveur ,à tort ou à raison, peuvent constituer un coup dur pour Lavalas qui invite ,à cor et a cri , aux élections tandis qu’elles mettent de l’eau au moulin de l’Opposition ou d’autres secteurs qui continuent de douter de la capacité ou encore de la volonté du régime de garantir un climat de sécurité propice à la tenue d’élections dans le pays dans l’état actuel des choses. Et nous sommes à moins de trois (3) mois de septembre ou encore six (6) mois de 2004. Et Jean Robert Faveur s’en est allé pour avoir fait le triste constat de ne plus pouvoir défendre ou sauvegarder ce qu’il appelle lui même les valeurs qui font défaut aujourd’hui dans le pays : l’honneur, la dignité, l’intégrité et le caractère d’homme .

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