LA FHADIMAC au Sommet des Nations Unies

La Fondation haïtienne de diabète et de maladies cardio-vasculaires (FHADIMAC) annonce, dans un communiqué qu’une délégation de l’Organisation a pris part au premier Sommet des Nations-Unies sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (diabète, maladies cardiovasculaires, cancer et maladies respiratoires chroniques) qui s’était tenue à New-York les lundi 19 et mardi 20 septembre 2011. Au cours de ce Sommet, l’Assemblée Générale des Nations-Unies a adopté une Déclaration Politique (A/66/L.1) dans laquelle les Etats Membres reconnaissent « que ces maladies constituent l’un des principaux défis pour le développement au XXIe siècle ». C’est la deuxième fois que les Nations-Unies se réunissent pour débattre d’une question de santé. La première fois remonte à 2001 et concernait le VIH/SIDA. Depuis septembre 2007, les pays de la CARICOM, y compris Haïti, avaient adopté une résolution appelée « Déclaration de Port-of-Spain » dans laquelle les pays de la région s’engageaient à supporter les initiatives et les mécanismes visant à renforcer les institutions régionales de santé, et implémenter des stratégies pour la réduction du fardeau des maladies chroniques non transmissibles considérées comme des priorités. Les pays africains ont rapidement suivi le mouvement et adopté la déclaration de Libreville en Aout 2008, suivi par les pays de l’Amérique en Juin 2009 et des pays du marché commun en Novembre 2009. L’Europe a eu sa déclaration en mars 2010 et les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en décembre 2010. Finalement les pays de la région Pacifique ont adopté leur déclaration en juillet 2011. En mai 2009, la Fédération Internationale du Diabète (IDF) a lancé l’Alliance contre les Maladies Non Transmissibles (NCD Alliance) avec le concours de trois fédérations sœurs: l’Union Internationale pour la Lutte contre le Cancer (UICC), la Fédération Mondiale du Cœur (WHF), et l’Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires (the Union). Ces quatre fédérations se sont réunies pour représenter les millions de victimes touchées par les quatre Maladies Non Transmissibles (MNT) principales aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement, pour éviter leur propagation, et forger un engagement mondial pour la lutte contre l’épidémie mondiale des MNT. Représentant 900 associations membres dans 170 pays, l’Alliance contre les MNT a été l’une des premières voix à appeler à la tenue d’un Sommet des Nations Unies sur les MNT qui a abouti au vote par consensus de la Déclaration Politique sur les maladies non transmissibles. Au Sommet des Nations-Unies, les Etats Membres se sont engagés à accepter un Document Final sur des actions concrètes. Bien que n’étant pas contraignant en droit international, un Document Final est considéré comme étant l’un des outils les plus importants au sein des Nations Unies en ce qui concerne la coopération et l’action internationale. Ainsi ce document comprend des objectifs mondiaux et nationaux sur l’épidémie des MNT que les gouvernements s’engageront à atteindre. S’il est soutenu par une forte responsabilisation, des mécanismes de suivi, des rapports réguliers sur les progrès enregistrés et par toute autre ressource nécessaire, le Document Final peut déboucher sur des progrès significatifs, comme en témoignent les documents finaux antérieurs sur le VIH/SIDA et sur d’autres priorités de développement. La Fondation Haïtienne de Diabète et de Maladies Cardiovasculaires (FHADIMAC) fait un plaidoyer depuis plus de 20 ans pour que le diabète et les maladies cardiovasculaires soient inscrites sur la liste des priorités sanitaires du pays afin que ces conditions reçoivent l’attention qu’elles méritent car la situation est alarmante. L’hypertension artérielle affecte près d’une personne sur 2 chez les plus de 20 ans ce qui fait plus de 2 millions d’hypertendus en Haïti et l’accident vasculaire cérébral (stroke) est l’une des premières cause de décès en Haïti. Le diabète affecte près de 7% des gens de plus de 20 ans ce qui nous fait 300 000 diabétiques. Les amputations de membres inférieurs dus au diabète se réalisent à raison d’une à 2 par semaine dans certains centres hospitaliers, et plus de 20% des patients diabétiques ont des atteintes au niveau des yeux et 3% sont aveugles. Le diabète est encore l’une des principales causes d’insuffisance rénale nécessitant une dialyse. Un enfant sur 2 admis en coma diabétique meurt à l’hôpital soit parce que le diagnostic est fait trop tard, soit parce que les médicaments nécessaires ne sont pas disponibles, soit parce que le cout du traitement dépasse les possibilités économiques des parents. Les cancers sont en pleine progression en Haïti et ont atteints des proportions inquiétantes. Les cancers du col utérin et du sein sont au sommet de la liste, et pourtant il existe des interventions qui peuvent réduire l’incidence de ces cancers ou en améliorer grandement la survie. Etant membre de la Fédération Internationale de Diabète (FID), la FHADIMAC avait appuyé la déclaration et porté le plaidoyer au niveau des plus hautes instances du pays. Dans cette optique, la FHADIMAC a eu des rencontres avec la Première Dame Mme Sophia Martelly, le Ministère de la Santé Publique, la représentation de l’OPS/OMS en Haïti pour planifier la représentation d’Haïti au Sommet des Nations-Unis. Deux membres de la FHADIMAC, le Dr Philippe Larco, Vice-Président de la FHADIMAC et le Dr Nancy Charles Larco Coordonatrice des Projets à la FHADIMAC se sont rendus à New-York du 16 au 21 Septembre 2011 grâce au support financier de l’OPS/OMS en Haïti. La FHADIMAC a ainsi participé à l’atelier de travail du samedi 17 septembre organisé par l’Alliance contre les MNT et aussi aux manifestations de l’Alliance à Central Park dimanche 18 septembre. Les membres de la FHADIMAC ont rejoint la délégation Haïtienne dans la soirée du dimanche 18 septembre 2011 pour une réunion de travail sur les maladies non-transmissibles. Au déjeuner-débat de la CARICOM le lundi 19 septembre, tous les chefs d’état/de gouvernement de la CARICOM se sont engagés à combattre les MNT qui sont une entrave au développement. Prenant la parole, le président Michel Martelly a promis de faire des maladies non transmissibles une priorité de son nouveau gouvernement, et il a ajouté que « nous pouvons combattre les MNT par l’éducation, un bon système de santé et la prévention. » Le président Martelly a aussi rencontré au cours de ce déjeuner-débat la Directrice de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) Dr Mirta Roses Periago, le président de la IDF Professeur Jean-Claude Mbanya, et Mr Mapoko Ilondo de la World Diabetes Foundation. Le président Martelly a remercié ces 2 derniers pour l’aide apportée à la FHADIMAC en faveur des diabétiques et hypertendus au lendemain du tremblement de terre. Le Dr Philippe Larco et le Directeur Général Du Ministère de la Santé Publique et de la Population, le Dr Gabriel Thimothé, ont participé à la réunion de haut niveau sur les maladies chroniques qui a débuté le lundi 19 septembre 2011 par les propos du président de la soixante-sixième session de l’assemblée générale M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser du Qatar. C’est la seconde fois que l’assemblée générale se réunit au niveau des chefs d’état et de gouvernement pour débattre d’une question de santé publique ayant un impact économique et social majeur. L’impact de cette tragédie ne se fait pas seulement ressentir au niveau de la santé publique, mais aussi sur le plan économique. Il est plus évident aujourd’hui que pour se prémunir de ces maladies, les gouvernements doivent renforcer leur arsenal législatif, adopter des mesures de plaidoyer, mobiliser les communautés, se doter de nouveaux règlements et œuvrer à une rationalisation du système de santé a déclaré Mr Al-Nasser. De son côté, le Secrétaire Général des Nations-Unies Mr Ban Ki-Moon a rappelé que les maladies non transmissibles constituent une menace pour le développement. Elles frappent particulièrement fort les personnes pauvres et vulnérables, et les entrainent plus profondément dans la pauvreté. Plus d’un quart des personnes touchées succombent aux MNT en pleine force de l’âge, en majorité dans des pays en développement. Le traitement des MNT peut être financé. Quant à la prévention, elle ne devrait pratiquement rien coûter et permettre même de faire des économies. Il existe des solutions simples, comme une alimentation équilibrée et l’exercice physique, a-t-il fait remarquer. Comme les états touchés par les MNT ne peuvent pas progresser, les médicaments doivent être accessibles a tous ceux qui en ont besoin, a déclaré le Secrétaire Général. Les ministres de la santé ne peuvent pas résoudre seuls ces problèmes. Les gouvernements doivent lancer les justes initiatives, les individus doivent protéger leur propre santé, les groupes civiques doivent maintenir la pression pour un marketing responsable, les entreprises doivent produire des biens plus sains et plus durables. Pour réussir, il faut des partenariats entre le secteur public et le secteur privé. Cela implique une vision politique et la mobilisation de ressources. La Directrice Exécutive de l’OMS, Mme Margaret Chan, a appelé à lutter contre le tabagisme et l’alcool dans le monde et à mettre un terme à l’ignorance, à la complaisance et à l’inertie dans ces secteurs. Ces responsabilités incombent aux chefs d’état car elles exigent plus que l’implication d’un seul ministère et il faut répondre à ces défis à tous les niveaux du gouvernement a-t-elle insisté. L’augmentation des maladies non transmissibles dans le monde entier est une catastrophe qui avance lentement mais surement, a-t-elle dit, soulignant que les causes profondes de ces maladies n’étaient pas traitées. La Princesse DINA MIRED de Jordanie, représentante de l’Union Internationale pour la lutte contre le Cancer a insisté qu’il existe un fossé inacceptable entre pays développés et pays non développés. Son propre fils avait la leucémie et il n’a dû son salut qu’au fait qu’il avait pu être soigné comme il en avait besoin, alors que tant d’autres enfants infortunés n’auront pas cette chance. Même si un individu survit à des maladies comme la tuberculose ou le paludisme, il y a de fortes chances qu’il succombe à une maladie non transmissible comme le cancer, une maladie cardiovasculaire ou le diabète. Au sommet des Nations-Unis, 34 Chefs d’Etat/de Gouvernement étaient présents et 120 Etats Membres ont défilé pour faire des déclarations sur les MNT dans leur pays. Plusieurs pays en développement, particulièrement africains, ont réclamé la création d’un fonds mondial de lutte contre les MNT, sur le modèle créé contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme qui a permis d’engranger des succès contre ces maladies. Le Document Final comprend 34 points sur lesquels les Etats Membres devaient se prononcer. Nous pouvons citer parmi eux: 1-S’engager à avoir une réponse de tout le gouvernement à travers des plans nationaux chiffrés pour la prévention et le traitement des MNT. 2-Etablir des partenariats pour les MNTs pour coordonner les actions de suivi des Etats Membres, des agences multilatérales et des Nations-Unies, des fondations, des ONG et du secteur privé. 3-Augmenter les ressources nationales et internationales pour la prévention et le traitement des MNT. 4-Inclure les MNT dans les objectifs futurs de développement et de santé globale5- Accélérer la mise en œuvre effective de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. 6-élaborer et mettre en œuvre des mesures réglementaires afin de réduire significativement les taux de graisses saturées, d’acides gras trans, de sel et de sucre raffiné dans les aliments transformés, et réduire la consommation nocive d’alcool7-Implémenter des stratégies qui encouragent l’activité physique et améliore la diète8-Renforcer les systèmes de santé en intégrant la prévention et le traitement des MNT9-Augmenter l’accès aux technologies et aux médicaments essentiels de qualité et abordables, pour prévenir et traiter le cancer, la maladie cardiovasculaire, la maladie respiratoire chronique et le diabète, y compris les vaccins et les soins palliatifs. 10-Mettre sur pied une commission responsable sur les MNT avec représentation de plusieurs secteurs pour suivre de près les résultats du Sommet. La FHADIMAC a fait remarquer que Les Etats membres ont adopté la résolution mais le véritable défi consistera à traduire toutes ces paroles en actions concrètes pour changer la vie de plusieurs milliers de personnes en Haïti.

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