PARIS (AP) – Le Premier ministre haïtien Gérard Latortue, qui devait être reçu par les plus hautes autorités françaises jeudi, estime dans les colonnes du « Monde » de mercredi qu’aujourd’hui « la France a plutôt une obligation morale vis-à-vis d’Haïti ». Revenant sur l’affaire de la « dette de l’indépendance », ces quelque 21 milliards de dollars que Jean-Bertrand Aristide réclamait à Paris, en compensation des sommes versées pour l’indépendance chèrement acquise de l’ancienne colonie, Gérard Latortue appelle à « dépasser les aspects émotionnels » de cette question pour les Haïtiens. Il estime en revanche que la « contribution (de Paris) pourrait prendre la forme d’une ligne de crédit mise à la disposition d’entreprises françaises » pour des contrats d’infrastructures et ainsi « jouer un rôle de premier plan dans la modernisation ». Avant de souligner qu’Haïti est le seul pays de l’ex-empire colonial à n’avoir « jamais reçu la visite d’un chef d’Etat français ».Gérard Latortue devait être reçu jeudi à l’Elysée par le président Jacques Chirac, accompagné du ministre des Affaires étrangères Michel Barnier, lequel se rendra pour sa part à Port-au-Prince samedi. Pour ce qui est d’aider son pays, il note que « cela fait plus de 50 ans que la communauté internationale dépense de l’argent en Haïti, et les résultats sont proches de zéro », et préconise donc d' »éviter le saupoudrage », et de se concentrer sur « une ou deux actions telles que l’électrification et la construction de 3.000 km de routes pour désenclaver le pays ». Il estime les besoin du pays à 200 millions de dollars par an sur cinq ans, pour ces secteurs ainsi que l’énergie, la santé et l’éducation. Reçu lundi à l’ONU, Gérard Latortue avait exprimé l’espoir que la présence de plus de 8.000 Casques bleus et policiers de la MINUSTAH (Mission internationale des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti) qui doit à compter du 1er juin commencer à remplacer l’actuelle force multinationale de 3.600 hommes, puisse ramener l’ordre en Haïti avant la fin de l’année. La vaste tournée internationale de Gérard Latortue pour rassembler le soutien le plus large possible pour l’Haïti post-Aristide l’a déjà mené à Washington, où il a rencontré, outre les responsables de l’administration américaine, ceux de la Banque mondiale et de l’Organisation des Etats américains. Après Paris, il se rendra à Bruxelles au siège de l’Union européenne, qui, dit-il veut « lever les sanctions » imposées au pays caraïbe après les élections truquées de 2000. Mercredi 11 mai 2004, AP
La France a « une obligation morale vis-à-vis d’Haïti », estime Gérard Latortue
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