La Guadeloupe et la Martinique ont adhéré à l’AEC

La Guadeloupe et la Martinique sont désormais membres associés de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC). Les signatures de ces actes d’adhésion se sont déroulées en présence d’Alfonso Munera, le secrétaire général de l’organisation caribéenne, à la Martinique le 11 avril et trois jours plus tard en Guadeloupe. Avec cet accord, la Guadeloupe et la Martinique obtenant des sièges – et donc des « voix » séparées de la France -, siégeront à l’organisation en leur nom propre. Représentés par la France depuis 1994 au sein de l’AEC, ces deux territoires caribéens manifestent de plus en plus un désir d’autonomie. Autant que la coopération caribéenne progressait, que les institutions de la zone se renforçaient, les présidents des Conseils régionaux des territoires d’outre-mer ont mesuré l’enjeu de devoir toujours passer par le gouvernement central pour contracter avec les Etats de la Caraïbe, ont décidé de multiplier les démarches nécessaires en vue d’intégrer l’Organisation régionale. « Mais encore fallait-il que la France soit d’accord ! Rencontres, courriers… les discussions se sont déroulées tout au long de l’année 2012 ». Finalement, le gouvernement français a donné son accord en décembre 2012. La Guadeloupe et la Martinique ont présenté officiellement leur demande d’adhésion en avril 2013, lors du Ve sommet des chefs d’Etats de l’AEC, à un moment fort propice, puisque la rencontre avait lieu chez nous en Haïti, Etat francophone et donc « proche » des régions des Antilles françaises.Ces demandes ont été accueillies avec enthousiasme: « Nous accueillons avec satisfaction la volonté des régions françaises de la Caraïbe de devenir Membres Associés de l’AEC en leur nom propre, et nous nous félicitons de leur participation active aux différents comités de l’Association. » peut-on lire au point 36 de la Déclaration de Pétion-Ville, adoptée en fin de sommet. Un an plus tard, le 14 février dernier, lors du 19e Conseil des ministres de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC), les adhésions de la Guadeloupe et de la Martinique étaient acceptées.La Guadeloupe et la Martinique feront donc sièges à part avec la France qui, elle, reste tout de même membre associé de l’AEC en tant que représentante de la Guyane, de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Une cérémonie d’investiture de ces nouveaux membres aura lieu lors du VIe sommet de chefs d’Etat et/ou de gouvernement de l’organisation caribéenne, qui se tiendra à Merida, au Mexique à partir du 30 avril prochain. L’adhésion de ces deux territoires caribéens à l’AEC est d’abord « sur le plan géopolitique un événement de portée considérable. En rejoignant les autres 25 Etats membres de l’AEC, la Guadeloupe et la Martinique pourraient, sur le plan économique, envisager de s’ouvrir progressivement vers la Caraïbe ». Cette adhésion devrait faciliter de nouvelles connexions. On pense notamment à la question migratoire. « Les caribéens qui souhaitent visiter la Guadeloupe ou la Martinique, sont souvent l’objet de tracasserie administrative », sachant que c’est l’Hexagone qui délivre le visa de séjour. On peut aussi penser à des ouvertures sur le plan strictement commercial. Mais, la Martinique et la Guadeloupe restent des départements français, donc n’ont pas les compétences requises pour conclure des accords de portée internationale. De sérieux problèmes risquent de surgir au bout de leurs soifs. Question de statut et donc de légitimité, qui pourra déboucher probablement sur un conflit sécessionniste !C’est là que la question de l’appartenance de ces territoires du bassin caraïbe à l’espace européen pourra prendre toute sa forme. MJ/Radio Métropole

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