La planète politique réunie en hommage à Nelson Mandela

Plusieurs dizaines de dirigeants du monde entier, de l’Américain Barack Obama au Cubain Raul Castro, ont rendu mardi un dernier hommage à Nelson Mandela en saluant les capacités de rassembleur du héros de la lutte anti-apartheid. Malgré une pluie diluvienne, des dizaines de milliers de Sud-Africains, célèbres ou anonymes, ont participé au service funéraire au Soccer City Stadium de Johannesburg, point d’orgue d’une semaine de cérémonies d’hommage au père de la « nation arc-en-ciel », mort jeudi dernier à l’âge de 95 ans. C’est dans ce stade qu’en 1990, « Madiba », fraîchement libéré des geôles de l’apartheid au terme de vingt-sept ans de détention, avait été acclamé par la foule de ses partisans. Là aussi qu’il avait fait sa dernière apparition en public, en 2010, avant la finale de la Coupe du monde de football. L’enceinte de 95.000 places n’avait malgré tout pas fait le plein, mais la foule a réagi bruyamment à l’apparition de certains dirigeants, acclamant Barack Obama ou le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, huant en revanche l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma, éclaboussé par des scandales de corruption et de violence policière à répétition. L’un des symboles de cette journée placée sous le signe de l’oecuménisme et de la réconciliation a été la poignée de main échangée entre le président américain et le dirigeant cubain Raul Castro, geste remarqué entre les chefs d’Etat de deux pays en froid depuis plus d’un demi-siècle. Premier président noir des Etats-Unis, comme Nelson Mandela le fut en Afrique du Sud en 1994, Barack Obama a salué dans son discours un « géant de la justice ».Et il a critiqué, sans les nommer, les dirigeants qui se disent solidaires de son combat pour la liberté mais ne tolèrent pas la moindre critique de la part de leur propre peuple. « Beaucoup trop d’entre nous font volontiers leur l’héritage de Madiba en matière de réconciliation raciale, mais résistent corps et âme aux réformes même modestes qui permettraient de lutte contre la pauvreté chronique et l’inégalité croissante », a dit le président américain. « Il y a trop de dirigeants qui se disent solidaires du combat de Madiba pour la liberté mais ne tolèrent pas la moindre opposition au sein de leur propre peuple », a-t-il ajouté. En cette Journée internationale des droits de l’homme, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a assuré que tel un « baobab aux racines profondes », l’héritage de Nelson Mandela survivrait à sa disparition. « Il a été davantage qu’un des plus grands dirigeants de notre époque. Il a été l’un de ceux qui nous a le plus appris », a-t-il déclaré. Dans la tribune officielle, dirigeants venus du monde entier ou stars du show-biz, comme les chanteurs Bono et Peter Gabriel, l’actrice Charlize Theron ou le mannequin Naomi Campbell, ont écouté religieusement les discours, sans exprimer pour la plupart d’émotion particulière. Le président français François Hollande était assis à côté de son prédécesseur immédiat, Nicolas Sarkozy, bien que les deux hommes n’aient pas voyagé dans le même avion pour se rendre à Johannesburg. Barack Obama était pour sa part entouré de George W. Bush et de Bill Clinton, qui avait lui-même serré la main du Cubain Fidel Castro en 2000 aux Nations unies. Une autre poignée de main historique, celle que le président américain aurait pu donner à Hassan Rohani, n’a en revanche pas eu lieu, le président iranien ne s’étant pas rendu en Afrique du Sud, où il était pourtant annoncé. Dans les tribunes, l’ambiance ressemblait davantage à celle d’un match de football qu’à un service funéraire. Brandissant des drapeaux aux couleurs de la nation « arc-en-ciel », les participants ont soufflé dans des « vuvuzelas », les célèbres trompettes en plastique sud-africaines, dansé et repris en choeur des chansons de la lutte anti-apartheid.

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