
La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) monte au créneau pour exiger une fois de plus que justice soit rendue à Jean Léopold Dominique et Jean-Claude Louissaint respectivement journaliste militant et gardien de la station de radio Haïti-Inter, lâchement assassinés il y a 14 ans. La POHDH dénonce la politique « kase fèy kouvri sa » qui tend de plus en plus à s’installer, malheureusement, comme une pratique évidente dans le pays. La plate-forme dénonce également cet état de latence qui règne en maître au sein de la justice haïtienne pendant que la patience de la nation s’amenuise dans l’attente éternelle d’une explication. En effet, 14 ans après le double assassinat de Jean Dominique et de son gardien, Jean-Claude Louissaint, la justice haïtienne n’a pas su prendre de sérieuses mesures en vue de faire la lumière sur cette affaire. Il est vrai, rappelle la POHDH, que le Juge Yvikel Dabresil, dans son rapport du 17 janvier 2014, avait fait mention de neuf (9) personnes qui seraient impliquées dans ce dossier, mais cela n’a pas dissipé les inquiétudes de la plate-forme surtout lorsqu’on sait, dit-elle, que l’impunité n’a jamais cessé d’être le manteau de prédilection des autorités judiciaires du pays, dans cette ambiance polaire d’insécurité constante. Plusieurs suspects ont été déjà appréhendés dans le cadre du dossier. Parmi lesquels on peut citer : « Panel Rénélus qui a été lynché par la population léogânaise pendant qu’il était détenu par les autorités policières au sous- commissariat de cette ville ; Jean-Wilner Lalane qui a été arrêté par la police dans un état de santé critique, mais dont le corps n’a pas été retrouvé dans la morgue de l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti quelques jours après son décès. Donc toutes les pistes pouvant conduire à quelque chose de sérieux font toujours face à des embûches insurmontables. Tous ces faits et bien d’autres décrivent l’état agonisant dans lequel se trouve notre système judiciaire, déplore l’organisation des droits humains. 14 ans sont loin d’être 14 jours ! s’exclame la POHDH, se questionnant sur les motifs du laxisme enregistré dans ce dossier et les raisons pour lesquelles la famille du journaliste conséquent Jean Léopold Dominique et la nation haïtienne ne savent même pas encore les circonstances dans lesquelles s’était produit ce crime ignominieux. La POHDH croit qu’il est temps que la justice haïtienne cesse de traiter les dossiers relevant de la criminalité avec autant de mépris et de légèreté. Les autorités judiciaires doivent vite réagir pour rayer cette pratique de criminalité qui sévit depuis trop longtemps dans le pays. Cette culture d’impunité n’est autre qu’une porte librement ouverte à la perpétration d’actes criminels. La justice haïtienne doit mettre en œuvre un ensemble de stratégies concrètes pour mener avec succès des enquêtes, arrêter et juger les coupables selon les prescriptions légales, comme cela relève de sa compétence. Par ailleurs, la POHDH profite pour exiger justice pour tous les Haïtiens qui ont perdu leur vie dans les mêmes conditions que Jean Dominique. Tous les militants dont la vie a été enlevée dans des circonstances regrettables et dont la mémoire continue d’être piétinée par le silence de la justice haïtienne. Parmi ces victimes, on peut citer les journalistes Brignol Lindor et Jacques Roche, pè Ti Jan Pierre-Louis, professeur Jean Anil Louis-Juste, Docteur Ronald Joseph » et bien d’autres encore. La POHDH profite du même coup pour demander justice pour son coordonnateur, M. Daniel Dorsinvil et sa femme Girldy Larêche qui, eux aussi, ont perdu leur vie, lâchement dans ce train d’insécurité qui ne cesse de semer la panique, le deuil, l’intimidation dans le pays. MJ/ Radio métropole Haïti