La police impuissante face la guérilla urbaine à Port-au-Prince

Le directeur général de la Police nationale, Léon Charles, exprime l’impuissance de l’institution à contrer les bandits dans la région de la capitale, faute de moyens. “Nous sommes en situation de guerre et face à un mouvement de destabilisation”, ce sont les propos utilisés par le responsable de la Police pour qualifier la situation d’insécurité qui prévaut à Port-au-Prince. Léon Charles qui s’exprimait, le vendredi 27 mai 2005 à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti ( CCIH), a affirmé que le banditisme en cours à la capitale est largement d’ordre politique. Pour le numéro 1 de la PNH, il faut absolument faire échec à ce mouvement. Cependant, l’efficacité de l’action contre les bandits passe par le renforcement de l’institution qui fait face à un sérieux problème d’armement et d’équipement.M. Charles rappelle qu’une commande de matériel des Etats-Unis de plus d’1 million de dollars effectuée depuis plusieurs mois n’a toujours pas été honorée. De même que les engagements de la communauté internationale dans le Cadre de coopération intérimaire (CCI) de reconstruire les infrastructures policières ne sont toujours pas tenus. Léon Charles fait appel à la collaboration de tous car les policiers travaillent dans des conditions difficiles. 40 à 50% des policiers n’ont pas une arme individuelle, révèle le directeur général de la PNH qui a un effectif de 5300 agents actifs pour une population de 8 millions d’habitants. 48 policiers ont été assassinés à Port-au-Prince de mars 2004 à mai 2005, annonce M. Charles qui dénonce le fait que certaines organisations internationales ne tiennent jamais compte du droit des policiers.Léon Charles a fait savoir que, si la police disposait d’1/5 des moyens de la Minustah- la force de l’Onu présente sur le terrain – les cas d’insécurité seraient considérablement réduits. Toutefois, le numéro 1 de la Police annonce la poursuite des opérations de concert avec la Minustah dans les quartiers chauds de la capitale. Un accent particulier va être mis sur la route de l’Aéroport international, théâtre de plusieurs incursions de bandits en provenance de Cité Soleil. Cette voie stratégique doit être sous contrôle policier, reconnaît Léon Charles qui indique que le contraire signifierait la catastrophe. La rencontre a été sollicitée par les responsables de la Chambre de Commerce inquiets devant l’ampleur du banditisme à la capitale dont l’un des récents éléments est le kidnapping. A propos, Léon Charles a révélé que les cas d’enlèvement sont passés de 5 à 6 en 2004 pour atteindre, en ce mois de mai 2005, le chiffre de 6 cas par jour. Le numéro un de la PNH annonce le renforcement de la cellule anti-kidnapping à laquelle collabore la Minustah. Trois entrepreneurs ont été enlevés à Port-au-Prince le dimanche 29 mai. L’insécurité grandissante à la capitale porte la plupart des hommes d’affaires de la région de Chancerelles-Drouillard située en face de Cité Soleil à surseoir à leurs activités. L’industriel Charles Henry Baker tire la sonnette d’alarme face à l’établissement de nouvelles zones de non droit à la capitale. M. Baker affirme que des milliers d’emplois sont menacés. Le membre de l’Association des Industries d’Haïti ( ADIH) juge la situation préoccupante et insiste sur la nécessité de renforcerment la Police nationale.

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