La police interdit toute marche dans les rues et définit un lieu de manifestation

La Police Nationale d’Haïti (PNH) décide de ne plus permettre le déroulement de manifestation dans les rues , annonce le responsable de communication de l’institution , Bruce Myrtil, suite aux dispositions adoptées par le Conseil Supérieur de la Police Nationale ( CSPN). Dans un communiqué ne portant aucune date reçu à Radio Métropole , le mardi 27 janvier 2004, paraphé par M. Myrtil, il est indiqué que « Tout groupe désireux de faire passer ses revendications à travers des manifestations peut le faire sur la Place d’Italie au Bicentenaire conformément aux dispositions prises par le Conseil Supérieur de la PNH ». La police justifie cette mesure par le souci de respecter la Constitution et la loi en matière de manifestation tout en indiquant que les organisateurs refusent de discuter du parcours avec les représentants de l’institution. De plus , la PNH , citant son « Service de Renseignement », fait valoir que « des individus mal intentionnés se préparent à perpétrer des actes malhonnêtes en vue de perturber le bon fonctionnement des écoles et d’empêcher que de paisibles citoyens puissent vaquer normalement à leurs occupations ». Tout ceci , indique le communiqué , dans un contexte où « depuis quelques temps … certaines manifestations de rue sont le plus souvent accompagnées d’actes de violence ». La publication de ce texte de la police était précédée , dans la matinée, d’une conférence de presse du ministre de l’intérieur , Jocelerme Privert et du secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, Jean Gérard Dubreuil où il était question de limiter la fréquence des manifestations anti-gouvernementales enregistrées à travers le pays. Le lundi 26 janvier , la police avait tenté d’empêcher d’une manifestation des étudiants en leur indiquant qu’ils ne pouvaient s’exprimer que sur la Place d’Italie , au bord de mer , à proximité de la Saline , quartier populaire de Port-au-Prince regroupant beaucoup de partisans armés du Président Aristide. L’Opposition dénonce le caractère illégal et arbitraire du communiqué de la police. Osner Févry du PDCH indique que ce texte n’a aucune valeur juridique . Pour Evans Paul de la KID, c’est un acte désespéré d’un gouvernement en chute libre. Turneb Delpé du PNDPH qui a été invité au Bureau du Premier Ministre , ce mercredi , pour discuter de ces nouvelles dispositions les qualifie d’inconstitutionnelles. Quant à l’écrivain FRANKETIENNE, cette mesure des autorités relève du burlesque, « c’est ridicule », a-t-il martellé. Le dimanche 25 janvier , le Président Aristide a souscrit à un plan de la CARICOM qui joue le rôle de médiateur prévoyant notamment le respect des libertés publiques à la suite d’une rencontre de plusieurs heures avec le Premier Ministre des Bahamas , Perry Christie.M. Aristide est attendu , le vendredi 30 janvier , à Kingston , pour une rencontre avec les dirigeants de la Communauté Caraïbe (CARICOM). La publication du communiqué de la police coïncide avec la réalisation par l’Opposition de l’une de ses plus importantes manifestations à Port-au-Prince, le mardi 27 janvier. Des dizaines de milliers avaient gagné les rues en dépit des menaces de mort qui planaient sur les manifestants, selon la police.

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