KINGSTON (Reuters) – La Maison blanche a déploré mardi la présence en Jamaïque du président haïtien déchu Jean-Bertrand Aristide, qui a de son côté exprimé l’espoir que cette proximité retrouvée avec son pays encouragerait ses partisans. Par ailleurs, le président vénézuélien Hugo Chavez a offert d’accueillir Aristide dans son pays en disant le reconnaître comme le chef de l’Etat haïtien légitime. « Nous ne reconnaissons pas le nouveau gouvernement d’Haïti. Le président d’Haïti s’appelle Jean-Bertrand Aristide (…) Les portes du Venezuela sont ouvertes au président Jean-Bertrand Aristide », a dit Chavez en prenant la parole dans l’est de son pays. A Washington, la Maison a jugé antiproductif le retour d’Aristide dans les Caraïbes. L’ex-dirigeant haïtien était parti en exil le 29 février face à une rébellion armée et sous la pression des Etats-Unis. « A notre point de vue, cela n’aide certainement pas Haïti à aller de l’avant », a déclaré Scott McClellan, porte-parole de la Maison blanche. Aristide est arrivé lundi en Jamaïque en provenance de la République centrafricaine. Son retour dans les Caraïbes a vivement mécontenté le nouveau gouvernement de Port-au-Prince, dont le Premier ministre Gérard Latortue a dénoncé un geste « très inamical de la part de la Jamaïque ». AMBASSADEUR HAITIEN RAPPELE Latortue a fait savoir qu’il rappelait son ambassadeur à Kingston et boycotterait une réunion de la Communauté des Caraïbes (Caricom) fixée aux 25-26 mars si Aristide se trouvait encore en Jamaïque. Selon le gouvernement de Kingston, Aristide ne demande pas l’asile dans le pays et ne devrait pas y passer plus de dix semaines, le temps de rencontrer ses deux filles qui se trouvaient ces derniers temps aux Etats-Unis. Alors qu’il se trouvait en Centrafrique, Aristide avait toutefois affirmé qu’il restait le président d’Haïti et qu’il avait été enlevé par les forces américaines, ce que Washington a démenti comme une absurdité. Dans une interview publiée mardi par le Washington Post, il réaffirme son statut de chef d’Etat et dit espérer que ses partisans se sentent rassurés par le fait de le savoir à proximité de leur pays. « Je crois vraiment que beaucoup de Haïtiens pauvres, qui souffrent ou vivent dans la clandestinité, pensent qu’il est préférable pour eux que je sois physiquement proche », dit-il. Latortue s’efforce de mettre sur pied un nouveau cabinet mais se heurte à la colère des partisans d’Aristide, dont la plupart peuplent les bidonvilles. Aristide et son épouse d’origine américaine, Mildred, ont été transférés par hélicoptère à Lydford, localité située à 110 km de Kingston où le gouvernement jamaïquain met une résidence à la disposition de ses invités. Des soldats en armes ont reçu pour consigne d’assurer une « sécurité totale » aux hôtes haïtiens. Dans son interview au Washington Post, Aristide réaffirme avoir été victime d’un « coup et d’un enlèvement » de la part des Etats-Unis. Il précise qu’on l’avait fait partir en exil en le faisant monter dans un avion à l’aéroport de Port-au-Prince alors qu’il croyait être conduit devant des journalistes. Washington a dit avoir facilité le départ d’Aristide mais ne pas l’avoir forcé à partir. Reuters,16 mars 2004.
La présence d’Aristide en Jamaïque suscite des remous
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