Le dossier des anciens militaires demeure un dilemme pour le gouvernement de transition. Il est abordé différemment par les autorités suivant la région. Si dans l’Ouest, les militaires démobilisés n’ont pas pignon sur rue, tel n’est pas le cas dans le Plateau Central et surtout dans le département du Nord où la sécurité ne relève pas uniquement de la police nationale. Encore moins, des militaires étrangers. Le chef-lieu de ce département, la ville du Cap, présente une allure singulière. Cap-Haïtien, la ville de toutes les forces : force de police, troupes armées du Nord, forces multinationales ou encore MINUSTAH. Le porte-parole des ex-militaires, Jean Franklin, affirme qu’ils ont pour mission de défendre la ville. En tenue camouflée, portant ouvertement leurs armes à feu, lui et ses camarades patrouillent les rues de la deuxième ville du pays, en toute quiétude, aux côtés d’agents de la police nationale. Rien d’anormal, dit le porte-parole, car, pour répéter ses propres mots, l’armée d’Haïti est une force légale, reconnue par la Constitution. Le 18 mai dernier, un groupe d’anciens militaires lourdement armés avait été arrêté à Port-au-Prince par des militaires de la Force Multinationale. Leurs armes avaient été confisquées et le ministre de la justice et de la sécurité, Bernard Gousse, avait soutenu que l’Armée démantelée en 1995 par l’ancien président Aristide n’est pas encore réhabilitée. La question de l’Armée sera traitée par un gouvernement élu, renchérit le Premier ministre, Gérard Latortue. L’action de la Force Multinationale avait provoqué la colère des anciens militaires. Dans le département du Nord, les ex-militaires en armes sont plus de trois cents (300) , selon Jean Francklin qui affirme qu’ils ne reçoivent d’ordre que de leur commandant basé au Cap-Haïtien, Dieuseul Michel alias Manno. Et, comme pour faciliter l’harmonisation des rapports, le responsable de la police dans le Nord est informé de chaque opération militaire. Ces hommes en armes sont partout dans la région du Nord, d’ailleurs, ils sont souvent les premiers à intervenir à chaque fois que la sécurité de la zone est menacée. Aussi, justifient-ils leur présence. Mais, comment faites- vous pour faire face à la réalité quotidienne? Le porte-parole, Jean Franklin, répond que la « force armée dépend de la générosité de la population ou encore du bon prochain ». Bon nombre d’observateurs se demandent si il n’y a pas danger ? Certains disent grand danger quand une force lourdement armée est à la merci des citoyens pour ses besoins logistiques. Combattants de liberté, forces armées du Nord ou encore militaires démobilisés, peu importe l’épithète accolée à ces derniers, leur présence repose sur le facteur : rapport de force.
La question des militaires démobilisés: casse-tête pour le pouvoir intérimaire
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