La Saline toujours en proie à la violence meurtrière

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Un groupe d’organismes haïtiens de défense des droits de l’homme lance un cri d’alarme face à la poursuite des actes de violence à La Saline, ce vaste quartier populaire de Port-au-Prince. La situation s’est aggravée à la fin de 2004, à en croire ces organisations qui appellent le gouvernement à agir avec promptitude. Voici la teneur du texte. Appel urgent de plusieurs organismes haïtiens de défense des droits humains L’année 2004, année anniversaire de l’Indépendance d’Haïti, se termine dans la violence des gangs armés dont sont victimes principalement les populations des quartiers les plus défavorisés de la Capitale. Selon des témoignages reçus des habitants de Fort Touron et de la Saline et diffusés par des radios de la capitale, depuis le 15 décembre jusqu’au 31 décembre, une bataille des gangs qui dominent ces deux secteurs, aurait fait plus de 18 morts et obligé plus de 500 familles à se réfugier ailleurs. Sept blessés par balles sont arrivés à l’hôpital général dans la matinée du 31 décembre. Cette bataille entre ces deux gangs qui a violemment éclaté depuis le 15 décembre, a mis en lumière le système de fonctionnement des marchés. La mairie de Port-au-Prince a pour mission, entre autres, de nommer pour chaque marché un comité de 3 personnes chargé avec des équipes d’inspecteurs et collecteurs, gardiens armés, responsables de sécurité, percepteurs, de ramasser trois fois par semaine, les taxes municipales. Cependant, dans la réalité, cette fonction est assurée par des gangs lourdement armés qui évidemment retiennent une bonne partie des taxes collectées. Une pratique qui s’est implantée depuis novembre 2001, toujours d’après les mêmes témoignages. La mort en prison de « Ronald Kadav » Camille et celle plus récente de Roland François sont des épisodes connus d’une compétition entre les deux groupes armés qui quadrillent les deux zones de La Saline et de Fort Touron dont les chefs actuels sont : Franzo Timama et Charles Alex, alias « Adjouga », un ancien agent de l’USGPN qui est aussi l’actuel responsable de la sécurité du Marché de la Croix-des-Bossales. La bataille rangée qui dure depuis maintenant deux semaines, ne suscite aucune intervention du Gouvernement, ni des responsables de la Mairie, ni des autorités supérieures comme la Police Nationale, le Ministère de l’Intérieur pas plus que de la MINUSTHA. Cette zone urbaine stratégique que l’on pourrait appeler « le ventre de Port-au-Prince » échappe donc à l’autorité de l’Etat. Selon les témoignages, au cours de leurs opérations, ces gangs enlèvent et rançonnent, incendient, violent, tuent impunément une population prise en otage. Une équipe se charge même de découper les corps des personnes enlevées, de les défigurer à l’acide et de les décapiter. Les familles qui résident dans ces secteurs depuis longtemps sont obligées de chercher refuge ailleurs. Ce sont donc des centaines de jeunes, femmes, enfants, personnes âgées qui sont actuellement sans abri. Les quatre commissariats proches de la zone, celui de La Saline, du Portail St Joseph, du Parlement, et celui de la Cafeteria, semblent ne pouvoir rien faire et en fait ne font rien pour protéger la zone ; sans parler des accusations directes faites par des témoins sur les agissements et la complicité de certains policiers. Cette fin d’année 2004 se place pour la population, de La Saline et Fort Touron particulièrement, dans un contexte de violence et de mort. Tandis que, devant cette situation, les autorités du pays restent silencieuses et passives et, malgré la présence de la MINUSTHA, rien, jusqu’ici, n’a été fait pour sécuriser ces quartiers. Les organisations signataires demandent l’intervention urgente du gouvernement en réponse aux appels désespérés des citoyens et citoyennes de ces zones de la capitale livrées sans défense aux pires actes de violence. 31 décembre 2004 Cet appel est signé par les organisations suivantes : Centre Œcuménique des Droits Humains (CEDH, Jean-Claude Bajeux Coalition Nationale pour la Défense Droits des Haïtiens (NCHR), Viles Alizar Enfofanm,Myriam Merlet Institut Mobile d’Education Démocratique (IMED), Kettly Julien Fanm Yo La, Lisa François Centre d’Appui à la Jeunesse (CEDAJ), Evans Lescouflair Plate-forme d’Organisations de Défense des Droits Humains (POHDH), Maxime Rony .

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