L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, Gustavo Gallon, dans son rapport devant le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU, affirme qu’Haïti bat des records en termes d’inégalité sociale, de manque de ressources, d’infrastructures, d’analphabétisme et des inégalités entre hommes et femmes. Pour M. Gallón, l’État doit mettre sur pied un plan à court terme pour déraciner les populations de l’analphabétisme qui touche la moitié de la population adulte. L’alphabétisation est urgente car elle est une condition nécessaire pour vivre dignement a expliqué M. Gallón a estimant que le Gouvernement devrait se pencher sur le problème particulier de la détention provisoire prolongée. Dans l’ensemble du pays, la population carcérale dépasse dix mille personnes, alors que les capacités sont limitées à quatre mille places, a-t-il remarqué, observant par ailleurs que 80% des personnes incarcérées sont en détention provisoire, en attente de jugement. Cette situation exige également un traitement de choc, a plaidé l’Expert indépendant, qui s’est néanmoins félicité de la mise sur pied d’une commission pour y réfléchir en octobre dernier. Autre sujet qui mérite l’attention du Gouvernement, la faiblesse de l’état de droit. Selon l’Expert indépendant, peu de personnes font confiance à l’État pour jouer un rôle en leur faveur. Cette fragilité rend difficile la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. Les violations des droits de l’homme commises dans le passé méritent également que le Gouvernement s’en saisisse, a encore plaidé l’Expert indépendant, qui s’est félicité de la décision de la Cour d’appel de mener des enquêtes complémentaires sur les accusations de crimes contre l’humanité dont fait l’objet l’ancien président Jean-Claude Duvalier, et non pas uniquement sur les accusations de crimes financiers. Haïti devrait aussi se pencher sur les conséquences des catastrophes récemment subies par le pays, et en particulier sur la question des personnes déplacées. Pour l’Expert indépendant, il est en outre important de dépasser les difficultés diplomatiques et accorder toutes les réparations aux victimes de l’épidémie de choléra qui a frappé le pays. Enfin, la question des 4 500 000 Haïtiens vivant en République dominicaine qui pourraient devenir apatrides suite à la décision du Tribunal constitutionnel de ce pays reste un sujet de préoccupation que le Gouvernement devra résoudre, a conclu M. Gallón. Le rapport sur la situation des droits de l’homme en Haïti (A/HRC/25/71) constate une situation «extrêmement grave, mais surmontable» pourvu que cinq conditions fondamentales soient remplies: une volonté politique forte du Gouvernement et de la communauté internationale, une participation active de la société civile, un consensus sur les problèmes à résoudre en priorité, une concentration et une coordination des efforts dans la même direction, et une solide persévérance de ces efforts pour atteindre les objectifs définis. LLM / radio Métropole Haïti
La situation des droits de l’homme est extrêmement grave, mais surmontable affirme Gustavo Gallon
Publicité