Malgré l’annonce du CIRH, son mode opératoire et ses représentants, la gestion des fonds est une des préoccupations de la société civile. Un détail en particulier suscite leur l’inquiétude: dans son projet, le gouvernement haïtien prévoit qu’un peu moins du tiers des dons internationaux iront directement dans le budget de l’État, dont les sources de financement ont été détruites. Or, ces sommes échapperont forcément au contrôle international, d’après eux.Ces derniers se questionnent sur le suivi qui sera fait des fonds recueillis, en même temps qu’ils critiquent le processus ayant abouti à l’élaboration du Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti.Ainsi Rosny Desroches Directeur de l’Initiative de la Société Civile haïtienne, tout en saluant ce «grand geste de solidarité de la communauté internationale envers Haïti», dit regretter que certains secteurs de la Nation n’aient pas été impliqués dans la préparation du Programme. «Ce n’est pas normal que les partis politiques aient été écartés, quant à la société civile elle a été très faiblement consultée», affirme M. Desroches.Le directeur de l’Initiative de la Société civile avance également qu’une «gestion transparente des fonds s’avèrera plus que nécessaire». Selon Rosny Desroches, la société civile aura un grand rôle à jouer en restant sur ses gardes et en exigeant information et clarté. L’occasion pour lui d’annoncer la prochaine création d’un «Observatoire de la gestion de l’aide».Autre préoccupation, celle de l’organisation de la Société civile des Cayes, qui par le biais de l’avocat Ketnor StVil, indique qu’il y a au départ une certaine méfiance de la population du Sud par rapport au Gouvernement et au document présenté. «Le Sud, de par sa position géographique, a un rôle vital à jouer dans la reconstruction. Pourtant aucun secteur de la région n’a été contacté», déclare l’avocat. Celui-ci dit, par ailleurs, qu’étant donné que malgré les multiples aides déjà reçues par Haïti, «la situation n’a guère évolué», il est important de changer le mode de gestion des fonds.Egalement pour Marc Henri Moise, Conseiller auprès du Comité de la Société civile des Gonaïves, la population doit avoir des informations claires concernant le programme de gestion de ces fonds. «La gouvernance a trop tendance à ne pas partager les informations avec la population et se contente de dialoguer avec l’international», avance-t-il. «Même s’il est clair que la société civile haïtienne n’est pas encore assez forte pour faire entendre sa voix comme il se doit, il faut qu’elle se dresse néanmoins en chiens de gardes pour exiger de la transparence».N/ radio Métropole Haïti
La société civile entre doutes et critiques
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