La ville dominicaine de Jimani enterre ses morts dont des haïtiens

Durement frappée par les intempéries des derniers jours avec plus de 200 morts, la ville de Jimani (sud-ouest de la République dominicaine), à la frontière avec Haïti, recherchait d’éventuels survivants mercredi, dans l’attente de secours indispensables dans l’une des régions les plus pauvres du pays. Francisco Vargas, Altagracia Recio ou Amelfi del Rosario, qui ont survécu à la tragédie, pleurent ceux qui n’ont pas eu cette chance, d’autres habitants errent, le visage décomposé par la douleur, dans un paysage de désolation. Ville-frontière avec Haïti qui compte 11.400 habitants selon le dernier recensement de 2002, Jimani, à 280 km à l’ouest de Saint-Domingue, a été victime dans la nuit de dimanche à lundi du débordement d’un fleuve qui prend sa source à Haïti. Niurka Nova, âgée de 28 ans, a perdu cinq de ses proches, dont deux de ses oncles. Quand la nouvelle de la découverte de nouveaux corps lui parvient, elle se rend sur les lieux dans l’espoir de pouvoir récupérer au moins les cadavres. L’aide gouvernementale, constituée surtout de nourriture et de médicaments, a commencé à arriver mardi après-midi, mais avec lenteur. Selon différents porte-parole des organismes de secours, les sinistrés ont besoin d’eau, de protéines et de lait en poudre. Les responsables de la CNE n’a pas le temps de prendre des photos ou les empreintes digitales des morts aux fins d’identification. Pour éviter toute épidémie, ils sont en effet enterrés le plus rapidement possible. Plus d’une centaine l’ont été depuis mardi. « Certains des proches qui ont identifié les victimes ont permis qu’on les mette dans la fosse commune en raison de leur état de décomposition », a indiqué le docteur Félix Dotel, fonctionnaire local de la santé publique. Pour lui, le nombre de morts pourraient dépasser le millier en raison du nombre élevé de disparus.Les fosses communes sont creusées dans une forêt située à six km de Jimani, où arrivent les corps empilés sur des camions. De toutes façons, le cimetière municipal a été emporté par les eaux qui, grossies par plusieurs jours de pluie diluvienne, ont dévalé le lit asséché du fleuve où avaient été construits deux quartiers. Luz Cueva Moquete prend soin du peu de mobilier qui lui reste de la maison de son père transformée en ruines. Sa mère, 65 ans, a survécu « par miracle » après s’être accrochée à une grille. Son père, de 86 ans, a également échappé à la mort. Les eaux l’ont emporté sur un kilomètre, mais il s’est sauvé parce qu’il s’est accroché à un arbre », dit-elle. Le curé de la paroisse, José Ramon de la Cruz, se plaint de son côté que certains profitent de la situation. Ainsi, affirme-t-il, des conducteurs de camion-citerne transportant de l’eau potable exigent qu’on leur verse de l’argent. Pour lui, l’aide n’est pas assez nombreuse et les habitants d’une des régions les plus pauvres du pays ne peuvent « rien donner en échange dans ces moments difficiles ». Quelques cent vingt haitiens ont péri à Jimani lors des dernières pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’île, le week-end dernier, selon un habitant de la zone, Madame Pascal Denis, jointe au téléphone par Radio Métropole. Les autorités locales ont dû procéder à l’inhumation de ces personnes dans des fosses communes. Parallèlement , plusieurs dizaines d’haitiens dans un état critique sont soignés dans des centres hospitaliers de Jimani . AFP, Radio Métropole.

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