Intempéries : aide d’urgence du gouvernement aux victimes sur fond de mise en cause de la déforestation

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Le Premier ministre,Gérard Latortue, annonce le décaissement de 10 millions de gourdes pour venir en aide aux sinistrés de Fonds Verettes et du Sud-Est. Le chef du gouvernement qui s’est rendu à Fonds Verettes, les mardi 25 et mercredi 26 mai 2004, en compagnie des membres du corps diplomatique, reconnaît la gravité de la situation. Le gouvernement de transition s’apprêterait à déclarer l’état d’urgence dans les zones sinistrées notamment le Sud-Est et la région de Fonds Verrettes où l’on compterait plus d’un millier de morts. Le Premier ministre Gérard Latortue part pour le Mexique, ce jeudi, où il est invité au Sommet de l’Union Européenne avec les pays de l’Amérique qui se tient ce week-end à Guadalajara. Il devrait profiter de ce voyage pour s’entretenir avec certains bailleurs autour de la catastrophe qui frappe le pays, a appris Radio Métropole. M. Latortue annonce un communiqué interdisant la coupe et l’exploitation des arbres. Parallèlement, une police forestière va être créée pour surveiller la Forêt des Pins déjà très attaquée et le Pic Macaya, dans le Sud,également affecté. Le Premier ministre compte faire appel aux militaires démobilisés pour intégrer cette force et réaliser ce travail. Pendant ce temps, la déforestation est mise en cause par les experts qui dénoncent le mépris de l’Etat face à leur mise en garde depuis plusieurs années. Le responsable de la Fédération Haitienne de l’Environnement s’en prend aux services spécialisés de l’Etat dans le cadre de ces graves inondations qui ont secoué le pays. L’agronome Jean André Victor estime que cette catastrophe était prévisible en raison du grave état de santé de l’écologie. Le dirigeant de la Fédération Haitienne de l’Evironnement croit qu’il est grand temps que les services de l’Etat, concernés jouent pleinement leur rôle. Le météorologue Renan Jean Louis n’est pas surpris par le lourd bilan enregistré à Fonds Verettes et dans le Sud-Est suite aux récentes inondations . M. Jean Louis qui était l’un des invités du Journal du Matin de Radio Métropole du 26 mai , dénonce le fait que les décideurs n’aient jamais pris au sérieux les prévisions faites par les experts vu l’état de dégradation avancée de notre environnement . « Captain Météo » souhaite que l’Etat assume ses responsabilités tout en rappelant que le pays avait connu des intempéries plus importantes dans le passé sans occasionner tant de victimes et de dégâts. Jean André Victor et Renan Jean Louis se prononcent en faveur de l’adoption de certaines mesures impopulaires telles la destruction des constructions anarchiques et le déplacement de population pour tenter de résoudre le problème tout en appliquant une politique de reboisement . La coupe incontrôlée et systématique des arbres, qui favorise l’écoulement des eaux, a également été mis en cause par le père Belneau, curé de Fonds Vérettes. Ce dernier a aussi dénoncé la gestion calamiteuse, selon lui, par l’ancien gouvernement du président Jean Bertrand Aristide, de la période qui a suivi le passage du cyclone George en 1998. Le déboisement d’Haïti s’était notamment accéléré pendant l’embargo international de 1991 à 1994 imposé après un coup d’Etat militaire. Pendant cette période, le bois a été coupé pour l’éclairage dans les campagnes et la cuisson des aliments. Le kérosène, qui servait jusqu’alors à l’éclairage domestique, figurait en effet parmi les produits touchés par l’embargo au même titre que le pétrole. La majorité des classes défavorisées dans le pays le plus pauvre du continent américain a continué par la suite à couper du bois car le gaz propane comme le kérozène leur était inaccessible financièrement. L’autre facteur déterminant dans le déboisement a été l’explosion démographique. Haïti compte quelque 8 millions d’habitants et la population croît chaque année de plus de 2,3%. Dotés de familles de plus en plus nombreuses, les paysans ont remplacé peu à peu la couverture végétale par des cultures vivrières pour nourrir leurs proches. Radio Métropole, AFP.

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