Les acteurs du dialogue inter haïtien – sous la médiation de la Conférence Episcopale – ont bouclé la boucle ce vendredi 14 mars en paraphant ce qu’ils ont convenu d’appeler « l’accord d’El rancho ». Cet accord, qui survient après environ deux mois de discussion, prévoit entre autres la formation d’un gouvernement d’ouverture, l’amendement de la loi électorale de 2013, la formation d’un nouveau CEP et l’organisation des élections pour les deux tiers du sénat et la chambre des députés. « Cet accord est historique » pour Michel Martelly qui, visiblement s’enorgueillit de l’entente trouvée, met « cap sur les élections ». La démocratie triomphe ! Pourtant, l’opposition « démocratique » banalise l’issue du dialogue et se remobilise, réclamant le départ du chef de l’Etat et des élections anticipées cette année. « Ce dialogue qui nous a permis de grandir et de travailler pour la paix… », selon Le cardinal Langlois, n’a pas bougé un maillon de la chaine des partis politiques qui ont boudé ou qui ont laissé la table du dialogue. Fanmi lavalas, la Fusion des Socio-démocrates, « Kontra pèp la » et « Lavni », qui souhaitaient un Gouvernement de consensus, désapprouvent cet accord. Selon eux, l’accord politique d’El rancho n’a pas pris en compte les désidératas des partis politiques de l’opposition. MOPOD, l’aile dure de l’opposition, toujours fidèle à ses réclamations, annonce des mobilisations générales pour forcer le départ du chef de l’Etat. L’ancienne rivale de Martelly, Mirlande Manigat, ignorant l’accord d’El rancho comme, en fait, le dialogue, appellant la population à se remobiliser pour exiger le départ de Martelly et de son équipe, estimant que la situation générale du pays se détériora de mal en pire tant Michel Martelly reste au pouvoir. Il s’agit d’ « une entente entre petits copains de Pétion-Ville » a desserré le député de Dame-Marie, Aklush Louis-Jeune, farouche opposant du pouvoir en place, ajoutant que « cet accord vise à continuer de partager le gâteau national ». Pour lui, le nom du président du sénat, Dieuseul S. Desras, restera dans les annales de l’histoire parlementaire d’Haïti comme le plus grand, du moins l’un des plus grands présidents du sénat, pour n’avoir pas su se laisser faire, préférant s’excuser pour voyager, laissant à l’ « ingénu sénateur de Pétion-Ville » d’endosser cet « accord qui désaccorde ». Pour le député de Dame marie, cet accord est sans avenir. Le président sera forcé de partir avant le terme de son mandat. Il ne réalisera pas les élections, soutient-il. Le député Sadrac Dieudonné, président du bloc Parlementaires pour le Redressement Institutionnel (PRI), abondant dans le même sens que le professeur Victor Benoit de la Fusion des Socio-démocrates, estime que cet accord ne peut nullement contribuer à la résolution de la crise actuelle et appelle au président de la chambre, Jacques Timoléon, de ne pas signer le document. « Avec l’accord politique, les acteurs consacrent Martelly chef suprême et piétinent tous les autres pouvoir » a débandé le député de Desdunes, Levaillant Louis-Jeune, amère envers le régime Martelly-Lamothe, critiquant une clause de l’entente politique qui prévoirait au parlement de voter toutes les propositions de lois qui lui seraient acheminées par l’exécutif. « Tant qu’Il n’y avait de dialogue, il ne peut y avoir d’accord », a fait valoir le député de Léogane. « le club » des 6 sénateurs de l’opposition qui, qui avaient demandé au président du sénat de ne pas signer l’accord et, sur la base du procès-verbal d’une réunion de la conférence des présidents, avait ordonné au président du grand corps de demander un report de la rencontre de jeudi pour finaliser un document de discussions, accuse les 3 sénateurs présents à El Rancho – Desras, Benoit et Andris Riché -, d’avoir signé ou autorisé la signature du document final. Ces sénateurs avaient conditionné la signature de l’accord en échange d’une liste d’exigences que le Président de la république devrait satisfaire. Parmi ces exigences, se trouve en tête de liste la révocation du directeur de l’ONA, Bernard Degraff, pour corruption et malversation. Le Président de la république, appelant les partis politiques de l’opposition à le rejoindre pour aller ensemble vers un renforcement institutionnel et la réalisation des élections à la fin de l’année, dit avoir fait beaucoup de sacrifices en acceptant 45.5 sur 47 points proposés à l’exécutif. MJ/Radio Métropole
L’accord d’El rancho | L’opposition banalise !
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