L’ambassade des Etats-Unis et la Mission Spéciale de l’OEA critiquent l’attitude de la Police Nationale d’Haiti (PNH) aux Gonaïves

Dans une note rendue publique le 21 octobre 2003, l’Ambassade des Etats-Unis dénonce la force excessive utilisée par la police dans le cadre de la gestion des manifestations anti-gouvernementales dans la Cité de l’Indépendance. L’ambassade américaine à Port-au-Prince réitère son soutien à la tenue d’élections dans le pays pour sortir de la crise . Le porte-parole de l’ambassade , Judith Trunzo, a rappelé à la police que le président Aristide lui demande de mettre de l’ordre dans le respect de la loi. La Mission Spéciale de l’Organisation des Etats Américains (OEA) abonde dans le même sens . Dans un communiqué en date du 21 octobre sur les « incidents des Gonaïves » , la Mission a renouvelé son attachement à la formation d’un Conseil Electoral Provisoire (CEP) de consensus ” et dénoncé le comportement de la police. Voici la teneur du communiqué. « La Mission Spéciale est concernée par la violence qui sévit aux Gonaïves depuis la fin du mois de septembre, et déplore la mort de plusieurs citoyens, des blessures à de nombreux autres individus dont deux policiers, et des dommages matériaux.La Mission reconnaît à la Police Nationale d’Haïti la responsabilité d’assurer l’ordre public et le devoir de protéger la sécurité des personnes et des biens. Toutefois, la nature de l’intervention et le niveau de force utilisée par la PNH doivent toujours être proportionnels à la gravité de la situation sur le terrain, ce qui n’a pas toujours été le cas aux Gonaïves. La Mission Spéciale est aussi préoccupée par des allégations sérieuses de l’implication dans les actes de violence et de répression aux Gonaives, de personnes apparemment tolérées par les autorités ou agissant aux côtés ou sous le couvert de celles-ci, mais n’appartenant pas à la PNH. La Mission Spéciale tient à préciser qu’elle était présente durant les évènements du lundi 20 octobre en tant qu’observateur aux Gonaïves. Elle a constaté des cas de non respect de procédures d’arrestation et d’incarcération, et n’a pas été autorisée à vérifier le registre d’écrou de la prison. La Mission Spéciale demande qu’une enquête soit ouverte par les autorités compétentes sur ces évènements aux Gonaïves. Elle rappelle la nécessité de se conformer aux normes des droits humains relatives à la vie et à l’intégrité physique et morale des personnes, qui demeure l’obligation impérieuse de tout État en toute circonstance. La Mission appuie fermement l’exercice pacifique et selon la loi des droits fondamentaux d’association, de réunion, et d’expression, reconnus dans la Constitution haïtienne et dans les instruments internationaux. Elle souhaite que les évènements prévus à Port-au-Prince et au Cap Haïtien dans les prochains jours se déroulent sans violence, dans le respect de la dignité de tous, encourageant ainsi un climat de confiance et de tolérance. C’est par ce moyen que l’on arrivera à la tenue d’élections crédibles dans ce pays sous l’égide d’un Conseil électoral provisoire de consensus”.

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