L’ambitieux programme de régénération du Parc Macaya

L’ambitieux programme de régénération du Parc Macaya Le projet Macaya, dans sa phase actuelle, est l’aboutissement d’un long processus de concertation impliquant les parties prenantes du secteur public et de la société civile dans un ambitieux programme de régénération et de protection d’un bassin hydrographique considéré comme le château-d’eau de la région du Grand Sud. Ce programme consiste en la mise en place d’un dispositif de protection effective pour ce parc dans le cadre de la consolidation de la politique de gestion des aires protégées en Haïti. Le renforcement du pilotage des interventions gouvernementales et non gouvernementales dans la zone est une autre composante du programme. La présentation de l’état d’avancement du projet, après 6 mois d’activités en déclinaison avec les objectifs de renforcement de la gouvernance locale et du régime foncier à l’intérieur de ce parc national naturel, est l’occasion de faire le point sur les nouvelles données en rapport avec la mise en place de l’équipe de structuration et de pilotage de ce projet lancé en décembre 2012 par le Ministère de l’Environnement. « C’est un projet qui recherche la participation locale aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parc », précise l’agronome Michelet Louis, directeur du projet. La potentialité de toutes les parties prenantes y est mise à contribution, aussi bien au niveau de l’administration centrale, des collectivités territoriales que de la société civile. La composante du projet relative au renforcement du régime foncier est d’une importance capitale pour la réussite du projet. » Le problème foncier, souligne-t-il, est présent dans toute mesure de conservation et il faut en tenir compte à tous les niveaux”. Un montant de 200.000 dollars US a été jusqu’à date engagé dans la première phase de ce projet qui essaie d’inverser le processus de dégradation des ressources naturelles dans ce parc national naturel créé par décret en 1983 sur une superficie de 2 000 ha, et augmenté à plus de 8 000 ha en mars 2013. « Ce ne sont pas des montants très significatifs par rapport au budget total du projet » qui avoisine les 12.5 millions de dollars – soit 3.5 millions de dollars de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) – donc du Fonds global de l’environnement – et 9 millions de dollars de la Norvège, à dépenser sur une durée de 5 ans. Ce projet, qui rentre maintenant dans sa deuxième phase, est financé par le Fond Mondial pour l’Environnement et le Fond pour la Reconstruction d’Haïti sous donation de la coopération norvégienne, et géré par la BID. « Nous n’irons pas trop vite, nous nous engagerons au fur et à mesure avec tous nos partenaires. Nous exigeons que tout soit respecté : appels d’offre, mise en concurrence, tout cela des fois ralentit le processus, certes, mais c’est indispensable pour une gestion transparente, réalisée selon les normes », explique Marie Bonnard, représentante de la BID. « Les 6 premiers mois sont globalement positifs, l’argent a été bien dépensé et on vient de débourser une autre tranche de 400.000 dollars US ». La deuxième phase du projet débute en septembre 2013. « Au cours des deux premières semaines du mois de septembre, nous allons commencer avec la mise en place de pépinières, le reboisement de zones aussi bien à l’intérieur que dans la zone tampon du parc », explique l’agronome Michelet Louis. «Il sera aussi question d’activités à développer pour améliorer la vie des communautés riveraines du Parc, nous allons développer des activités génératrices de revenus. Nous ne pouvons pas aller vite, parce que nous risquons de retomber dans les mêmes situations qu’autrefois, c’est-à-dire mettre en œuvre des projets sans résultats durables. Le processus de concertation se poursuivra à toutes les phases du projet. Nous allons continuer sur cette lancée et d’autres montants assez significatifs seront graduellement alloués au projet ». Le développement de pratiques agroforestières de gestion durable des terres dans les communes de Port-à-Piment, Les Anglais, Chardonnières, Chantal, Torbeck, Camp-Perrin, Pestel, Beaumont, Corail, Roseaux et Jérémie représente le principal volet du projet. Ces activités qui seront conduites par l’Organisation de Réhabilitation de l’Environnement (ORE), la Fondation Nouvelle Grande Anse (FNGA) et la Fondation Macaya pour le Développement (FMD), trois organisations intervenant dans le parc depuis longtemps. Le suivi du stock de carbone et des gaz à effet de serre est une autre composante de cette nouvelle étape. « Notre principal objectif est d’aider le Parc Macaya à se régénérer », conclut Joël Boutrou, le représentant du gouvernement norvégien. « Et pour ce faire, il faut développer la zone limitrophe, développer une agriculture durable, respectueuse de l’environnement et, petit à petit, limiter l’impact de l’érosion sur l’environnement, une situation qui ne fait qu’appauvrir les populations de la zone ». « Ce programme a un objectif relativement large et il a toutes les chances de réussir, parce qu’il est géré sur une base large avec une implication étroite des autorités locales, du gouvernement haïtien, avec le soutien des bailleurs de fonds, c’est-à-dire la BID et la Norvège. C’est un programme ambitieux qui devrait avoir un impact considérable sur tout le grand Sud. Le Parc Macaya, c’est quand même un château-d’eau et si on arrive à protéger les 7 rivières qui partent du parc, on a de bonnes chances d’améliorer la situation environnementale du pays et à l’heure ou tout le monde parle de tourisme, de développement économique, il faut se rappeler qu’il n’y aura pas de progrès sans protection de l’environnement, sans agriculture durable respectueuse de l’environnement ». La coopération norvégienne s’est concentrée dans le Grand Sud par choix et a depuis 2010 financé des programmes à hauteur de 30 à 40 millions de dollars avec le ministère de l’environnement, le ministère de l’agriculture ainsi que d’autres grands partenaires de la Norvège dans le Sud dont la BID et le PNUD. Il s’agit maintenant d’accélérer le rythme de progression du projet et dans cette perspective, 5 millions de dollars seront engagés dans la première année de la seconde phase. D’autres fonds supplémentaires pourront être engagés dans l’avenir, le ministère de l’environnement devrait bientôt signer des accords en ce sens avec des partenaires des départements du Sud et de la Grand ‘Anse. « C’est un programme très ambitieux qui devrait créer un précédent pour le reste du pays et qui aura un impact considérable sur la diminution de la pauvreté dans le pays, facilitera l’augmentation des activités touristiques et contribuera en général au développement économique du pays. Le Parc National Naturel de Macaya, qui englobe les mornes Formond et Macaya pour une superficie de 8 000 ha, a été créé par décret en 1983 et délimité par arrêté présidentiel en 2013. Il est situé dans le massif de la Hotte et chevauche les départements du Sud et de la Grand’Anse. 7 rivières prennent leur source dans le parc. Plusieurs espèces animales et végétales – dont 13 espèces de grenouilles qui n’existent nulle part ailleurs au monde – y trouvent refuge dont des espèces rares, endémiques à la zone. HA/Radio Métropole

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