L’avocat André Michel est un fugitif, selon le commissaire du gouvernement Francisco René

Pour le commissaire du gouvernement, Francisco René, l’avocat André Michel est devenu un fugitif à partir du moment où il a décidé de s’enfuir du palais de justice qui abrite le parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince, sans un ordre de libération.Pour l’opposition, Me André Michel aurait plutôt été pris dans l’engrenage d’un dispositif judiciaire mis en place en « violation flagrante de la constitution », ce qui aurait inspiré l’opération « coup de poing » organisée par un groupe de parlementaires pour le « libérer des griffes de l’arbitraire ».Une autre bataille juridique en perspective.Entre les deux positionnements, le débat est lancé et les échanges de plus en plus virulents, en dépit du calme apparent observé ce jeudi dans les rues de la capitale après les violentes manifestations opposant étudiants et forces de l’ordre hier dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince suite à l’arrestation d’un avocat de l’opposition.« Quand on est aux ordres de la justice, il faut avoir un ordre de libération », martèle le commissaire du gouvernement, Francisco René en rappelant avoir ordonné « qu’on garde Me André Michel pour autre cause ».Le commissaire du gouvernement faisait ainsi référence à un ordre d’écrou émis contre le prévenu André Michel par le juge d’instruction Lamarre Bélizaire en charge de l’instruction relative au décès du jeune Frantzy Duverseau en 2010.Un argumentaire rejeté d’un revers de main par les avocats de l’opposant arguant que, d’une part, le juge Lamarre Bélizaire avait été récusé dans cette affaire et que, d’autre part, le mandat d’amener n’avait pas encore été signifié au prévenu quand il fut littéralement poussé dans le bureau du Bâtonnier Carlos Hercule.Me André Michel devait par la suite, comme on le sait, être « libéré » par un commando de parlementaires puis conduit au Sénat de la République avant de se diriger par la suite vers une destination inconnue. Ce raid de parlementaires a été dénoncé avec véhémence et qualifié de « dérives sans précédent dans l’histoire haïtienne et (qui) appellent à des réflexions profondes », dans un communiqué publié ce mercredi par la Primature. »[De tels agissements, selon le communiqué, constituent] « une immixtion grave et une violation flagrante du principe de la séparation des pouvoirs, consacré par la Constitution Haïtienne et sont de nature à mettre en péril les acquis démocratiques et à saper les fondements d’un véritable État de droit ».Le Bâtonnier des avocats de Port-au-Prince Me Carlos Hercule a une toute autre lecture des faits, qui a expliqué ce jeudi à l’Agence France Presse (AFP)que l’avocat André Michel s’est mis à couvert pour sa sécurité. »Il est très inquiet et a exprimé des craintes pour sa vie ».L’avocat s’est rendu célèbre, il y plus d’un an, lorsqu’en compagnie de son jeune confrère Newton Louis St Juste, il avait mis l’action publique en mouvement contre la Première Dame Sophia St Remy Martelly et son fils Olivier Martelly « pour usurpation de fonction, corruption, détournement de fonds publics, blanchiment et association de malfaiteurs ». Dans une correspondance adressée au Parquet, Me Michel avait évoqué des cas de corruption relatifs à plusieurs dizaines de millions de dollars confiées à l’épouse du Chef de l’Etat et à son fils pour la réalisation de programmes sociaux et sportifs à l’échelle nationale.Le 22 janvier 2013, les avocats Newton Louis St Juste et André Michel, au nom du citoyen Enold Florestal, citaient au correctionnel la famille présidentielle pour usurpation de fonction, infraction prévue et punie par l’article 217 du Code Pénal.Démarré le 19 mars 2013 par devant un Tribunal Correctionnel, l’affaire a été entendue par le Juge Jean Serge Joseph qui, après plusieurs audiences, a rendu le 2 juillet 2013 une ordonnance demandant au Président de la République de mettre à la disposition de la Justice plusieurs hauts fonctionnaires de l’Etat, notamment le Premier Ministre Laurent Lamothe et l’actuel ministre de l’économie Wilson Laleau.Le 8 juillet 2013, le Parquet de Port-au-Prince et la famille présidentielle interjetaient appel de ce jugement du juge Jean Serge Joseph « pour les torts et griefs qu’elle leur causait ».Ce dossier avait connu plusieurs rebondissements, particulièrement après le décès, survenu le samedi 13 juillet 2013 du Juge Jean Serge Joseph après avoir été admis à l’hôpital Bernard Mevs à Port-au-Prince.HA/Radio Métropole Haiti Crédit photo : ManGod Haiti

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