Le 10e sommet de la Francophonie sera concentré sur le conflit ivoirien. La situation en Haïti figure également au menu des discussions …

Le 10e Sommet de la Francophonie, vendredi et samedi à Ouagadougou, lancera un appel aux protagonistes de la crise ivoirienne à respecter les accords de paix de Marcoussis, selon un projet de résolution adopté mercredi en réunion préparatoire. Le sommet, qui doit rassembler une vingtaine de chefs d’Etat ou de gouvernement, se réunit officiellement sur le thème « Un espace solidaire pour un développement durable », mais le conflit en Côte d’Ivoire s’est installé au centre des débats dès la réunion ministérielle préparatoire.Les ministres des Affaires étrangères ou leurs représentants ont en effet approuvé un projet de résolution qui soutient les accords de Marcoussis comme seule solution à la crise ivoirienne. »Nous réaffirmons (dans ce texte) que la solution en Côte d’Ivoire ne peut passer que par le respect des accords de Marcoussis et d’Accra », a ainsi déclaré le ministre canadien de la Francophonie, Jacques Saada. « Et nous avons affirmé notre soutien à la résolution du Conseil de sécurité » des Nations unies qui prévoit un embargo immédiat sur les armes destinées à la Côte d’Ivoire, a-t-il ajouté. Ce texte, qui a fait l’objet d’un accord dans ses grandes lignes après discussion entre les ministres, doit recevoir l’approbation formelle des chefs d’Etat et de gouvernement qui se réuniront vendredi, pour deux jours, dans la capitale du Burkina Faso. Le ministre français délégué à la Coopération, Xavier Darcos, a lui aussi indiqué que la résolution « demande que s’appliquent Marcoussis et Accra ». A propos du rôle de la France, dont des forces sont en interposition entre rebelles du nord et troupes loyalistes au sud de la Côte d’Ivoire, M. Darcos a déclaré: « Notre intérêt, c’est que ce soient les instances internationales qui fassent pression, notamment l’Union africaine ». « Ce n’est pas nous qui avons la clé », a ajouté M. Darcos. A son arrivée dans l’après-midi à Ouagadougou, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan a lui aussi déclaré que les deux parties doivent « suivre les accords de Marcoussis et Accra », qui prévoient un désarmement et des réformes politiques. Le président ivoirien Laurent Gbagbo, qui a décidé de ne pas participer au sommet, sera représenté par la ministre de la Culture et de la francophonie, Anne Malan Messou. Le 6 novembre, des manifestations antifrançaises avaient éclaté à Abidjan après la destruction de l’aviation ivoirienne par la France, en riposte à un bombardement gouvernemental en zone rebelle (nord du pays) ayant tué neuf soldats français. Ces manifestations ont duré jusqu’au 9 novembre, paralysant la ville et provoquant le départ de plus de 8.000 Occidentaux, dont une très grande majorité de Français. Abidjan accuse par ailleurs Ouagadougou de soutenir la rébellion, ce que dément le Burkina Faso. Le sommet devrait par ailleurs adopter une résolution sur le Proche-Orient affirmant son soutien à la « feuille de route », le plan international de règlement du conflit israélo-palestinien. « Nous appelons les parties à remplir leurs engagements au regard de la Feuille de route », déclare le projet de résolution dont l’AFP a obtenu une copie. Outre ces deux résolutions, le sommet de Ouagadougou approuvera une déclaration finale qui portera sur le « développement durable », mais qui fera mention également des crises en Haïti et du conflit du Darfour, dans l’ouest du Soudan, selon des délégués. Haïti est représentée à ces assises par le Premier ministre Gérard Latortue. Le Chef du gouvernement est à la recherche d’un support international pour aider à la reconstruction du pays. Les fonds promis par la communauté internationale à Washington en juillet dernier ( 1,4 milliard de dollars américains) ne sont toujours pas débloqués. Le secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, qui a reçu, mardi à Paris, M. Latortue a déclaré que « la grosse difficulté, c’est le déblocage des fonds et l’avancement des projets engagés » en reconnaissant que « le gouvernement a besoin de choses visibles mais la mise en place des appels d’offres est très longue ». M. Muselier,attaqué par des partisans armés de l’ancien président Jean Bertrand Aristide en août dernier lors d’une visite à Cité Soleil, grand bidonville situé à l’entrée nord de Port-au-Prince, a insisté sur la nécessité d’accélérer « les procédures pour construire les routes car la situation est inquiétante au niveau du développement ». Lors de son passage, mardi à Paris, M. Latortue avait fait savoir qu’il allait « s’assurer de l’implication des Africains » en participant au Sommet de Ouagadougou. Haïti doit accueillir le Sommet de 2010. Trente-six délégations sont attendues au sommet, selon le service de presse de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). L’OIF compte 51 Etats et gouvernements membres, et cinq pays observateurs. AFP, Radio Métropole, jeudi 25 novembre 2004

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